Comment faire un chapeau neuf
avec de vielles fournitures.
avec de vielles fournitures.
L'examen attentif de sa garde-robe est pour la femme avisée et économe une occupation très importante. Une ménagère adroite doit savoir tirer parti de tous les chiffons divers qu'elle possède et les disposer avec un art et un goût qui en fassent un objet nouveau. Certaines femmes se croient très économes en conservant robes, manteaux, chapeaux tout faits d'une année sur l'autre, sans leur faire subir aucune modification.
C'est une économie mal entendue et l'élégance ne peut que perdre à cette combinaison. Les chapeaux surtout se prêtent à transformations; il est facile, avec un peu de soin et de travail, de les rafraîchir et de les varier de manière à les rendre méconnaissables.
Lorsque la saison touche à sa fin, il faut découdre les chapeaux, nettoyer et ranger les garnitures; à l'approche du printemps, on dépliera toutes les garnitures de l'été dernier et on les examinera soigneusement afin de voir ce qui peut encore être utilisé.
Chapeaux de paille blanche.
Ils seront nettoyés par un savonnage. Voici comment on procédera: on se servira d'un chiffon de flanelle trempé dans une eau de savon, dans laquelle on aura fait dissoudre quelques morceaux de carbonate de soude; on frottera en tournant avec cette flanelle. Lorsque la paille est bien nettoyée, on rince avec la flanelle trempée dans l'eau claire; on essuie ensuite avec un linge. L'inconvénient de cette opération est de donner le plus souvent à la paille une couleur jaune roux peu élégante; mais on peut la blanchir par le procédé suivant:
Blanchissage de la paille.
Prenez une grande boite à chapeaux; dans le fond, placez une petite soucoupe avec du soufre allumé; reposez le couvercle sur la boite après avoir pris soin de suspendre le chapeau à blanchir.
Laissez la boite fermée une demi-heure environ. Se servir de soufre en petits morceaux, afin qu'ils brûlent sans longues flammes, celles-ci risqueraient d'endommager le chapeau.
L'apprêt du neuf.
Il sera donné ensuite à la paille ainsi blanchie, un vernis. Pour l'obtenir, on dissoudra de l'alun dans de l'eau savonneuse additionnée d'un peu de gélatine, et on vernira avec une brosse légère. Pour sécher la paille, on la repassera avec un fer chaud, que l'on promènera en rond sur du papier de soie ou du papier buvard. Lorsque la vapeur d'eau sera évaporée, le chapeau sera aussi beau qu'un chapeau neuf.
Il est prudent de ne pas tenter sur un chapeau de prix une première expérience; on se servira tout d'abord d'une paille sacrifiée, de façon à ne pas avoir trop de regrets si l'opération ne réussissait pas.
Une belle paille étant d'un prix assez élevé, nous n'aurons point à regretter cette peine; si nous manquions l'opération, nous nous servirons de ce chapeau comme coiffure de jardin; même pour cet usage, il est préférable d'avoir une paille propre.
Paille piquée.
L'envoyer à un spécialiste ou la teindre en noir à l'aide d'une solution d'aniline additionnée d'alun, amidon et glycérine.
Teinture.
On peut se servir également des vernis ordinaires employées pour les bottines fines; on vend des vernis spéciaux pour les autres couleurs; nous recommandons le mordoré dont l'effet est fort heureux.
Chapeaux de paille noire.
On les brossera et on opérera, s'il le faut, comme pour le chapeau blanc, c'est à dire qu'on les savonnera et on les vernira.
Si ces pailles n'ont pas complètement l'aspect du neuf, elles serviront au moins à la confection d'un second chapeau et permettront de consacrer une somme plus importante à l'achat d'un chapeau habillé.
Les plumes.
Elles doivent toujours être choisies de belle qualité; ce serait une économie mal entendue que de choisir des plumes de qualité inférieure, celles-ci devant servir pendant des années à la garniture de nos chapeaux élégants.
Les plumes blanches.
Elles sont très riches et très à la mode mais elles se salissent vite à la poussière. Pour les nettoyer, se servir d'une éponge douce que l'on trempera dans de l'eau savonneuse et que l'on passera doucement sur les les barbes; on rincera avec une éponge imbibée d'eau claire. Faire sécher à l'air et secouer de façon à détacher les barbes de plume qui pourraient être collées les unes aux autres.
Pour refriser la plume.
Après cette opération, on se servira d'un couteau à lame d'argent ou en ivoire. Voici comment on procède: on prend à part chaque barbe et on la presse entre le pouce et la lame de couteau en partant de la tige; chaque barbe s'enroule ainsi à son extrémité. L'opération est longue et minutieuse, on l'achève en faisant sécher la plume au dessus d'un réchaud. On a soin de la tenir assez éloignée afin qu'elle ne brûle pas. On peut ajouter de la fleur de soufre aux braises du réchaud, les vapeurs blanchiront la plume.
Teinture des plumes.
C'est une opération assez périlleuse qu'il est dangereux de tenter soi-même. Il est préférable de recourir à un spécialiste. Si on ne veut pas le faire, on pourra se servir de teintures à base d'aniline que l'on trouvera chez tous les droguistes et marchands de couleurs.
Réparation des plumes.
On peut réparer le dommage causé aux plumes par une épingle maladroite, un coup de vent, une voilette mal placée, en y ajoutant un morceau de plume neuve. Fendre en long la tige du milieu à l'endroit de l'accident, placez un fil de fer mince dans la côte et remettre bien exactement la tige neuve fendue de la même manière; on fixe avec du fil de fer enroulé autour des deux moitiés rapprochées.
Les rubans.
Il est facile de les nettoyer à l'aide de la neufaline, de la bière, d'eau vinaigrée, d'alcool, d'essence minérale. Essayer auparavant sur un échantillon afin d'éviter les surprises causées par certaines couleurs.
Les fleurs artificielles.
Les fines sont très chères, aussi a-t-on intérêt à les prolonger le plus possible; on les secouera, on les brossera, on redressera la tige, les pétales, les pistils, les étamines; puis on les exposera à la flamme du foyer: les fleurs et les pétales se redresseront au bout de quelques instants. Certaines personnes préconisent un arrosage léger à l'aide d'un vaporisateur.
Soins journaliers.
Non seulement nous prolongerons la durée de nos fournitures en les vérifiant ainsi à chaque saison, mais il faudra avoir soin, après chaque sortie, de brosser le chapeau, de redresser les coques, les fleurs, les ailes.On enlèvera le chapeau par le fond et non par les bords, ce qui le déforme; l'épingle sera toujours piquée dans le même trou; la voilette sera détaché, pliée en quatre, les plis fixés à l'aide des épingles fantaisie qui servent à la maintenir au chapeau.
C'est ainsi qu'une femme intelligente parviendra facilement, avec de l'ordre et du soin, à se maintenir sur un pied d'élégance à très peu de frais.
Mon Dimanche, 19 avril 1903.
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