Haydn.
François-joseph Haydn, né en 1732, est un des plus célèbres compositeurs de musique. Il a laissé des œuvres très nombreuses et très belles dans tous les genres: des symphonies, des concertos, des messes, des cantates, des opéras, des oratorios et des sonates pour le piano que vos petits doigts étudieront peut être bientôt ou que vous avez peut être déjà joué.
Son père, Mathias Haydn, habitait Rohrau, en Autriche; il y exerçait la profession de charron et il était, en même temps, sacristain et organiste de l'église du village. Sa mère, Anne-Marie, avait été cuisinière chez le comte de Harrach. Tous deux aimaient beaucoup la musique, et, les dimanches et les jours de fête, ils se délassaient de leurs travaux en se livrant à leur passe-temps favori: Anne-Marie chantait et son mari l'accompagnait sur la harpe. Le petit Joseph ne se contentait pas de les écouter, lui aussi voulait faire sa partie dans le concert: un morceau de bois, ramassé dans la boutique du charron, lui servait de violon, une baguette figurait l'archer, et, gravement, l'enfant raclait son instrument en marquant le rythme avec exactitude.
Un jour, un de ses cousins, nommé Franck, maître d'école à Haimbourg, vint en visite chez ses parents. Il remarqua le vif sentiment de mesure de l'enfant et offrit de l'emmener pour lui enseigner la musique. La proposition fut acceptée et Joseph, qui avait alors cinq ans, suivit l'instituteur. Celui-ci lui donna des bonnes leçons, mais il n'était pas tendre pour son élève et ses préceptes étaient trop souvent accompagnés de rudes taloches. Malgré cela, Joseph fit de rapides progrès, et Reuter, maître de chapelle de Saint-Etienne de Vienne, étant venu à Haimbourg, l'entendit chanter et proposa à Franck de le faire entrer à la maîtrise de Saint-Etienne.
Haydn y travailla avec ardeur: il s'essayait à composer et était sans cesse absorbé par l'étude de l'art qu'il aimait avec passion. Une espièglerie d'écolier le fit renvoyer brutalement de la maîtrise. Il avait une belle paire de ciseaux neufs, et ces ciseaux coupaient si bien que c'était un plaisir pour lui de les essayer sur tout ce qui se trouvait à sa portée. Or, en ce temps-là, les petits garçons étaient coiffés à la mode de l'époque, avec de longs cheveux attachés en une sorte de nœud qu'on appelait catogan. C'était bien tentant pour les ciseaux de Joseph! Il ne résista pas et coupa la queue d'un de ses camarades placé devant lui. Vous devinez le chagrin de ce pauvre garçon, et la fureur de Reuter qui, sur-le-champ, chassa le coupable. Joseph s'en alla tout penaud et bien malheureux. On était au mois de novembre; il était sept heures du soir, et le jeune artiste était sans argent et grelottait dans ses vêtements usés. Il eut la bonne fortune de rencontrer un perruquier nommé Keller, qui avait souvent admiré sa belle voix et qui le recueillit chez lui. N'étaient-ils pas confrère puisque Haydn coupait les cheveux?
Haydn vécut quelque temps dans la mansarde de Keller, où il avait un mauvais clavecin et quelques livres de théorie. Il y poursuivit ses études, se fit connaître par quelques compositions, et après des années de misère et d'épreuves, il finit par arriver à la célébrité. Il est mort en 1809, comblé d'honneur et de gloire, entouré de l'estime et de l'admiration que méritaient sa vie laborieuse et son éclatant génie.
Marie Moreau-Marmignat.
Mon Journal, Recueil hebdomadaire illustré pour les Enfants, 14 octobre 1893.
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