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samedi 23 décembre 2017

Cambrai.

Cambrai.


Cambrai, l'ancienne Cameracum des Romains, a joué un rôle actif à toutes les époques, autant par sa position que par les formidables défenses dont elle a été constamment entourée. On sait que Clodion prenait le titre de roi de Cambrai.
Après avoir appartenu aux rois de France jusqu'au règne de Charles le Simple, cette ville fut cédée aux empereurs d'Allemagne, lesquels donnèrent tout droit de souveraineté aux évêques. Vers le milieu du XIe siècle, alors que des idées de liberté commençaient à fomenter dans les têtes, les bourgeois de Cambrai s'insurgèrent pour conquérir le droit de commune à leur cité:
"Comme le clergé et tout le peuple étaient en grande paix, s'écrie un moine chroniqueur, l'évêque Gérard s'en alla visiter l'empereur Henri quatrième, son suzerain et bon ami. Mais ne fut pas très-éloigné quand les bourgeois de Cambrai, par mauvais conseil, jurèrent une commune, et firent ensemble une conspiration et s'allièrent par serment que si ledit évêque n'octroyait icelle commune, ils lui défendraient l'entrée de la cité. Cependant l'évêque était à Lobbes, et lui dit le mal que le peuple avait fait, et aussitôt quitta sa route, et accompagné de son ami Baudoin, comte de Mons, vinrent à la cité avec grande cavalerie, et les bourgeois les refusèrent. Alors l'évêque prit en grande pitié cette folie, et manda aux bourgeois qu'il traiterait tout en sa cour et en bonne manière; ainsi les apaisa. Il advint que lorsque le seigneur évêque fut entré, grand nombre de chevaliers, sans son su et consentement, assaillirent les rebelles en leurs osts et maisons, en occirent aucuns, et plusieurs blessèrent. Dont furent les bourgeois très-esbahis, et par ainsi la commune défaite."
Quelques années plus tard, les habitants de Cambrai se rébellionnèrent encore, et établirent une nouvelle commune qui ne fut pas plus heureuse que la première; en 1107, l'empereur Henri V l'abolit; vingt ans plus tard, elle était reconstituée. 
Philippe de Valois accorda de grands privilèges aux bourgeois et manants, à cause de la belle défense qu'ils opposèrent à l'armée anglaise forte de plus de quatre-vingt mille hommes. Charles-Quint s'empara de Cambrai, et y bâtit une des plus fortes citadelles de l'Europe; cependant elle capitula devant les armées de Louis XIV, et Cambrai resta définitivement à la France par le traité de Nimègue conclu en 1678.
Cette ville, située sur l'Escaut, renferme plusieurs édifices remarquables: la cathédrale, l'Hôtel-de-Ville et la porte Notre-Dame dont nous donnons le dessin exact. 


Porte Notre-dame à Cambrai.

La cité de Cambrai est entourée de fortifications considérables et flanquées de tours rondes antiques; en 1793, les Autrichiens l'assiégèrent sans succès.
Cambrai, simple évêché depuis le concordat de 1802, était autrefois le siège d'un archevêché illustré par Fénelon, et la ville reconnaissante a élevé sur un de ses places un monument à la mémoire du glorieux prélat. La sainteté des anciens évêques, la sévérité de la primitive Eglise, la douceur de la plus indulgente vertu, le charme de la plus séduisante politesse, une infatigable bonté, une charité inépuisable, telles étaient les brillantes qualités de l'archevêque de Cambrai.
Les malheurs de la guerre à la dernière époque de Louis XIV avait amenés les troupes alliées dans le diocèse de Fénelon; ce fut pour le prélat l'occasion d'efforts et de sacrifices nouveaux: sa sagesse, sa fermeté, son langage engagèrent les généraux ennemis à respecter les malheureuses provinces de la Flandre. La situation de Cambrai attirait auprès de Fénelon beaucoup d'étrangers: tous ne l'approchaient et ne le quittaient que pénétrés d'une religieuse admiration:
"J'aime mieux ma famille que moi-même, aimait-il à répéter; j'aime mieux ma patrie que ma famille, mais j'aime encore mieux le genre humain que ma patrie".
Admirable progression de sentiments et de devoirs!

Le Magasin universel, septembre 1837.

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