Les surprises du mariage.
Une divorcée de onze ans.
Les procès matrimoniaux sont extrêmement nombreux en Amérique, mais ce n'est pas toujours, comme chez nous, sur de banales instances de divorce que les tribunaux yankees ont à se prononcer. La diversité et l'étrangeté de certaines causes matrimoniales portées dernièrement devant les juges américains, méritent qu'on les relate dans Mon Dimanche.
A Jefferson, une demande de divorce fut présentée l'autre mois à la Chambre correctionnelle. Cette affaire serait passée inaperçue si les débats n'avaient révélés que l'épouse, qui est demanderesse, est tout juste âgée de onze ans.
M. Jacob Fume, un riche spéculateur de terrain l'a épousée il y a un an.
Veut-on savoir quel est le grave motif qui a décidé la petite madame Fume à solliciter le divorce?
C'est que M. Fume a déserté le domicile conjugal. Oh! le vilain méchant!
Pour tout dire la maman de la jeune délaissée a été entendue comme témoin et il y a apparence que c'est elle qui intente le procès, de même qu'elle avait préparé ce ridicule mariage dont toute la responsabilité lui revient.
Un monsieur qui veut que sa femme l'embrasse.
Rassurez-vous, madame Fume, tous les maris ne sont pas comme monsieur Fume et, lorsque vous serez redevenue libre, je vous souhaite de tomber sur un époux qui ressemble à Branw.
M. Branw plaide aussi contre sa femme, ou plutôt contre son ancienne femme, mais le motif de sa demande attendrira tous les cœurs; ce n'est qu'autre chose qu'un baiser que M. Branw prétend exiger de celle qui lui en donna autrefois sans compter.
L'origine de cette affaire est des plus cocasses, là voici.
Il y a quelque temps, une vente de charité était organisée à Chicago et la durée en était fixée à huit jours. Elle eut un tel succès que dès le septième jour tous les objets exposés avaient été vendus. C'était parfait mais... qu'allait-on donner aux gagnants de la tombola pour laquelle quantité de billets avaient été placés et où l'on espérait écouler les marchandises invendues?
Le Comité, composé de dames patronnesses, prit une résolution étrange et héroïque: celle d'offrir pour prix de chaque billet gagnant un baiser payable par l'une de ces dames au choix du vainqueur.
Alors, il arriva une aventure qu'on dirait ménagée par quelque providentielle ironie. Un certain M. Branw, l'un des gagnants, s'étant mis à la suite de ses heureux confrères, reconnut tout à coup parmi les dames patronnesses, sa propre femme, dont il séparé six mois auparavant.
Il faut croire qu'il avait gardé un bon souvenir de son ancienne épouse, car il s'avança tout souriant, la bouche en coeur et le regard mouillé de tendresse vers l'ancienne Mme Branw elle-même.
- A vous, jamais de la vie! s'écria en reculant cette rancunière personne quand elle aperçut M. Branw.
En vain, ce dernier exhiba-t-il son billet de loterie, en vain les autres dames du Comité engagèrent-elles leur collègue à poser un baiser, si bref fut-il, sur la joue tendue de M. Branw. L'épouse divorcée fut inflexible.
Alors ces dames firent des prodiges de coquetterie. A l'envi, et Dieu sait ce qu'il en coûta à leur modestie!, elles s'efforcèrent de démontrer à M. Branw qu'elles pouvaient acquitter sans qu'il en souffrît aucunement, le billet protesté! Et certes les propositions de ces jolies femmes étaient engageantes. Mais M. Branw était passé trop près du bonheur: il n'y avait pas de lèvres sur la terre qui valussent pour lui en ce moment celles qui s'obstinaient à lui faire la moue.
Il fit quérir un huissier qui dressa procès-verbal du refus opposé à M. Branw. C'est muni de ce document que le plus inconsolable ou le plus taquin des maris s'est pourvu devant les tribunaux "pour voir dire que Mme X*** sera tenue d'embrasser le porteur du numéro gagnant."
Souhaitons que M. Branw ait gain de cause et que ce baiser tant désiré soit le prélude d'un rapprochement plus durable.
Le Comité, composé de dames patronnesses, prit une résolution étrange et héroïque: celle d'offrir pour prix de chaque billet gagnant un baiser payable par l'une de ces dames au choix du vainqueur.
Alors, il arriva une aventure qu'on dirait ménagée par quelque providentielle ironie. Un certain M. Branw, l'un des gagnants, s'étant mis à la suite de ses heureux confrères, reconnut tout à coup parmi les dames patronnesses, sa propre femme, dont il séparé six mois auparavant.
Il faut croire qu'il avait gardé un bon souvenir de son ancienne épouse, car il s'avança tout souriant, la bouche en coeur et le regard mouillé de tendresse vers l'ancienne Mme Branw elle-même.
- A vous, jamais de la vie! s'écria en reculant cette rancunière personne quand elle aperçut M. Branw.
Madame, vous devez un baiser, acquittez-vous! - Jamais! |
En vain, ce dernier exhiba-t-il son billet de loterie, en vain les autres dames du Comité engagèrent-elles leur collègue à poser un baiser, si bref fut-il, sur la joue tendue de M. Branw. L'épouse divorcée fut inflexible.
Alors ces dames firent des prodiges de coquetterie. A l'envi, et Dieu sait ce qu'il en coûta à leur modestie!, elles s'efforcèrent de démontrer à M. Branw qu'elles pouvaient acquitter sans qu'il en souffrît aucunement, le billet protesté! Et certes les propositions de ces jolies femmes étaient engageantes. Mais M. Branw était passé trop près du bonheur: il n'y avait pas de lèvres sur la terre qui valussent pour lui en ce moment celles qui s'obstinaient à lui faire la moue.
Il fit quérir un huissier qui dressa procès-verbal du refus opposé à M. Branw. C'est muni de ce document que le plus inconsolable ou le plus taquin des maris s'est pourvu devant les tribunaux "pour voir dire que Mme X*** sera tenue d'embrasser le porteur du numéro gagnant."
Souhaitons que M. Branw ait gain de cause et que ce baiser tant désiré soit le prélude d'un rapprochement plus durable.
Plus fort que Barbe-Bleue.
Les procès criminels ne présentent pas la saveur des causes civiles, et je vais vous faire frémir, mesdames, en vous apprenant que dans cette même ville de Chicago, pour avoir irrégulièrement contracté mariage, un Allemand, du nom de Hock, a été condamné à mort. Vous avez bien lu: à mort. L'exécution a eu lieu de 23 février dernier.
Il est vrai que les irrégularités relevées étaient assez graves: M. Hock, qui paraît n'avoir jamais su se fixer, venait d'épouser sa quarantième femme et l'on conçoit qu'il n'avait pas eu le temps de dissoudre ses précédents mariages au fur et à mesure qu'il en contractait d'autres. M. Hock se trouvait donc possesseur de quarante femmes légitimes qui toutes portaient légalement son nom.
Pendu pour s'être marié quarante fois. |
La peine de mort n'est-elle pas un châtiment bien doux au prix de ce qu'aurait été la peine de vivre avec ces quarante ménages?
Le plus extraordinaire, c'est qu'une supplique signée de quarante fois le même nom, épouse Hock, mais émanant de quarante mains différentes, les mains tremblantes de chacune des pauvrettes délaissées, fut adressée à M. Roosevelt pour solliciter la grâce de l'incorrigible épouseur.
Mais le Président se montra inflexible et la sentence fut exécutée parce que Hock, consulté dans sa cellule par son avocat fit le déclaration suivante: "Aucune de mes quarante femmes ne me plaît et je ne saurais habiter avec aucune. D'autre part, j'ai horreur du célibat et ne consentirais à aucun prix à vivre seul. Si l'on me libère, je me verrai forcé de choisir une quarante-et-unième épouse!" N'avait-il pas bien mérité la potence?
Incroyable insouciance.
Si la peine infligée à M. Hock le polygame est excessive, le condamné n'inspire en somme qu'un médiocre intérêt.
Il n'en est pas de même d'une pauvre femme qui vient de subir les rigueurs de la loi américaine. Son exemple montre une fois de plus que le Nouveau-Continent n'est pas, tant s'en faut, a terre de la liberté.
Thérèse Terkins, à Magnolia (Mississipi), a dû probablement à sa qualité de femme d'échapper au châtiment suprême et ne s'est vu infliger que cinq ans de réclusion.
Son crime? C'est d'avoir, elle, femme blanche, épousé un nègre.
On sait à quel point, en Amérique, et particulièrement dans certaines régions, les préjugés de couleurs sont tyranniques.
Les sentiments les plus sacrés sont comme s'ils n'étaient pas, en face des passions politiques qui guident les législateurs.
Cette pauvre Thérèse Terkins ne l'ignorait pas. Aussi n'essaya-t-elle pas de fléchir la rigueur de ses juges en invoquant l'irrésistible amour qui l'avait poussée dans les bras noirs de son époux.
Mais l'excuse qu'elle allégua pour sa défense est bien la chose la plus bizarre qu'elle pouvait trouver.
- Je ne savais pas, a-t-elle déclaré ingénuement au tribunal, je ne savais pas que mon mari était nègre.
Elle ne savait pas qu'il était nègre. |
Mme Terkins n'aura pas trop de cinq ans de réclusion pour pleurer son inexcusable légèreté. Ça se voyait!
Mon Dimanche, revue populaire illustrée, 14 avril 1907.
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