Chapelle de la Trinité-en-Plouha.
(Côtes-du-Nord)
(Côtes-du-Nord)
On ne peut arrêter ses regards sans respect sur ce modeste sanctuaire où viennent prier des familles de pêcheurs. C'est l'intérieur d'une de ces anciennes chapelles seigneuriales que l'on construisait à peu de frais, à la suite soit d'un vœu personnel, soit d'un accord entre les propriétaires domaniaux du voisinage. L'architecture n'en est pas ambitieuse: on s'est contenté d'une simple nef; mais, quel que soit la simplicité de ce petit oratoire, on ne saurait le confondre avec la foule banale des chapelles modernes de nos villages. Les détails sont intéressants, et l'on y sent vivre encore des traditions qui ont leur prix.
Ces grands corbeaux de pierre saillants, qui supportent les chevrons de la charpente taillée à chanfreins et revêtue encore de sa vieille enluminure, les trépieds de fer forgé précieusement conservés, les fines ciselures encadrant les montants des ouvertures, tout reporte le souvenir à l'art du quinzième siècle.
Il y a peu de temps, on voyait encore à son ancienne place d'honneur la tribune des seigneurs de Kersalic. Leur manoir, situés près de là, au bas de la colline, a conservé sa jolie porte armoriée, et complète un des plus charmants paysages bretons que l'on puisse rencontrer; à côté, un douez irrégulier, le lavoir traditionnel, ombragé par de grands arbres, réfléchit la vieille croix de granit. Entre le granit et cette pièce d'eau qu'alimente une source limpide, un antique chemin descend à la mer par de profonds et sinueux défilés couronnés de landes et de rochers, et fait brèche aux gigantesques falaises qu'assiègent et rongent sans cesse les vagues de la baie de Saint-Brieuc.
"Là, dans cette humble chapelle, nous dit un de nos correspondants, sous le vieux toit moussu, quand la tempête d'automne souffle sur les brisants de la côte et tord les branches des vieux arbres qui l'entourent, là souvent s'agenouille et prie la femme du marin, enveloppée de sa longue cape noire qui deviendra peut-être un manteau de veuve: sait-on bien si la mer en furie ramènera au foyer tous les pêcheurs de Terre-Neuve et de l'Islande? Pauvres gens, partis depuis six mois avec l'espérance de rapporter le prix d'une vache laitière ou le loyer d'un champ et d'une masure, et qui, peut-être, hélas! après avoir échappé aux dangers des mers lointaines, ne sauront pas éviter, au retour, ceux du cabaret prochain!"
Le Magasin pittoresque, octobre 1876.
Ces grands corbeaux de pierre saillants, qui supportent les chevrons de la charpente taillée à chanfreins et revêtue encore de sa vieille enluminure, les trépieds de fer forgé précieusement conservés, les fines ciselures encadrant les montants des ouvertures, tout reporte le souvenir à l'art du quinzième siècle.
Il y a peu de temps, on voyait encore à son ancienne place d'honneur la tribune des seigneurs de Kersalic. Leur manoir, situés près de là, au bas de la colline, a conservé sa jolie porte armoriée, et complète un des plus charmants paysages bretons que l'on puisse rencontrer; à côté, un douez irrégulier, le lavoir traditionnel, ombragé par de grands arbres, réfléchit la vieille croix de granit. Entre le granit et cette pièce d'eau qu'alimente une source limpide, un antique chemin descend à la mer par de profonds et sinueux défilés couronnés de landes et de rochers, et fait brèche aux gigantesques falaises qu'assiègent et rongent sans cesse les vagues de la baie de Saint-Brieuc.
"Là, dans cette humble chapelle, nous dit un de nos correspondants, sous le vieux toit moussu, quand la tempête d'automne souffle sur les brisants de la côte et tord les branches des vieux arbres qui l'entourent, là souvent s'agenouille et prie la femme du marin, enveloppée de sa longue cape noire qui deviendra peut-être un manteau de veuve: sait-on bien si la mer en furie ramènera au foyer tous les pêcheurs de Terre-Neuve et de l'Islande? Pauvres gens, partis depuis six mois avec l'espérance de rapporter le prix d'une vache laitière ou le loyer d'un champ et d'une masure, et qui, peut-être, hélas! après avoir échappé aux dangers des mers lointaines, ne sauront pas éviter, au retour, ceux du cabaret prochain!"
Le Magasin pittoresque, octobre 1876.
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