Les Cafres.
La Cafrerie est l'une des grandes divisions de l'Afrique méridionale. Au sud, elle est bornée par le pays des Hottentots, et à l'est par le Monomotapa et l'Océan indien. Le mot Cafre ou Cafir signifie infidèle. C'est le nom que les Africains mahométans du nord donnent aux Africains du midi qui ne partage pas leur croyance.
Le Cafres sont doués de plus d'énergie que les Hottentots; ils sont aussi plus habiles pasteurs et cultivateurs plus prévoyants. Ils se nourrissent du produit de leur chasse, des bestiaux qu'ils engraissent, et des récoltes de leurs champs, qui consistent surtout en blé de Turquie, en millet et en melons d'eau. Ils savent conserver le grain dans des silos pour prévenir les disettes qu'entraîneraient les années stériles.
Dix ou vingt familles nombreuses se réunissent et vivent en commun sous la direction d'un chef; plusieurs groupes choisissent, sans se confondre, un chef commun, auquel sont soumis les chefs particuliers. Certains privilèges sont accordés à ces petits souverains: ils ont droit à une part dans les premiers fruits cueillis et dans les bestiaux tués. Les guerres sont assez fréquentes; elles ont le plus ordinairement pour origine quelque contestation relative aux délimitations des pâturages. Les armes des Cafres sont la javeline, une courte massue et un large bouclier de cuir.
Ce peuple croit à l'existence d'un Etre suprême, mais il n'a point de dogme. Ses idées sur la vie future sont vagues et obscures: cependant il redoute les esprits, les apparitions, et fait des sacrifices pour les écarter ou les rendre favorables. Les devins ou amakira exercent une haute influence, et s'ils condamnent un de leurs ennemis à mort, leur sentence est exécutée. Par un étrange rapport avec la religion judaïque, en Cafrerie, on a une sainte horreur pour la chair de porc; on se prive aussi de poisson, mais non de coquillages.
Les Cafres ne sont pas navigateurs; ils ne possèdent point de canots. Leurs cabanes ont la forme de ruches: elles sont ordinairement élevées d'environ six à sept pieds au-dessus du sol, et ont de 18 à 20 pieds de diamètre; couvertes de paille et d'un enduit de terre grasse, elles n'ont aucune autre ouverture qu'une porte. Quelques nattes, des pots d'argile pétris avec la fine poussière des fourmilières abandonnées, des paniers et des corbeilles de jonc, des écuelles de bois, voilà tout l'ameublement de ces simples demeures.
Le lait est conservé avec soin dans des outres; on le laisse durcir et aigrir pour le manger. Les vêtements des deux sexes sont fait de peaux de mouton adoucies par le corroyage. Les chefs revêtent des peaux de léopard.
Les voyageurs tracent des portraits assez agréables des manières et de la forme des Cafres: ils les représentent grands, vigoureux, élégants dans leurs attitudes, plutôt brun-clair que noir, et offrant plus d'une ressemblance avec les types européen et asiatique. Ils sont en général francs, gais et courageux. Les femmes ont une moins belle apparence que celle des hommes, ce que l'on doit attribuer à la nature grossière de leurs travaux. Elles labourent, elle bâtissent les cabanes, tandis que les hommes chassent, traient les vaches, et construisent les clôtures. Elles prennent leurs repas entre elles. La polygamie paraît s'être introduite dans les mœurs à la suite de guerres désastreuses qui laissèrent sans protecteurs un grand nombre de femmes et de jeunes filles; mais elle n'est guère en usage que chez les riches. Quoique prudents et économes, les Cafres sont très hospitaliers: l'accueil qu'ils font aux étrangers est plein d'empressement et de douceur.
Le magasin pittoresque, mai 1838.
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