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mercredi 30 mars 2016

La maison impériale de Saint-Denis.

La maison impériale de Saint-Denis.
                           vue à vol d'oiseau.








Que le lecteur veuille bien se placer vis-à-vis de la grande porte d'entrée, à laquelle sont accolés deux petites portes latérales.
A sa gauche, après l'une des petites portes se trouve le logement du concierge; au delà et près de l'église, sept fenêtres éclairent le parloir. Au-dessus du parloir et du corps de logis circulaire qui ferme la cour de ce côté, sont les chambres des dames ou maîtresses qui sont entrées le plus récemment dans  l'institution.
De l'autre côté de la grande porte, c'est à dire à droite,  dans un pavillon qui fait pendant au logement du concierge, est une salle qui sert aux distributions faites aux pauvres; à la suite, des bâtiments formant un vaste quart de cercle sont occupés par les communs.
Remarquons une maison parallèle séparée des communs par une allée et isolée: cette maison, placée à l'entrée du parc, est le logement du jardinier.
Traversons la première cour. Un péristyle occupe le bas du pavillon central, que l'on aperçoit en face; au-dessus est la salle d'inspection.
A gauche, au rez-de-chaussée, se succèdent l'appartement de la surintendante, la cabinet du grand chancelier, et, à l'extrémité du côté de l'église, l'appartement de la dignitaire économe.
Au premier étage, du même côté, sont, près de la salle d'inspection, la bibliothèque, et plus loin les chambres des maîtresses de musique
A gauche de la salle d'inspection sont les grandes classes.
Avançons. Cette cour, entourée des quatre galeries du cloître, c'est le préau; et le côté de gauche, parallèle à l'église, est occupé par les petites classes; les dortoirs occupent l'étage supérieur du bâtiment qui fait face de l'autre côté de la cour et du bâtiment de droite; le réfectoire est au rez-de-chaussée séparant le grand préau d'un autre petit préau qui sert de promenoir aux novices. On aperçoit, faisant saillie dans un angle, la chapelle, dont le clocher surmonte la toiture.
Des deux côtés de la chapelle sont des dortoirs.
C'est dans le beau jardin qui s'étend derrière la chapelle, et où l'on voit un jet d'eau, que les élèves se promènent et jouent aux heures de récréation. De trois côtés ce jardin n'a de limites que le parc.
D'un seul côté, à gauche, il est bordé de constructions qui renferment la pharmacie, les bains, les ateliers de couture et la lingerie, la salle des exercices gymnastiques au-dessous de l'infirmerie; au delà, et près du chevet  de l'église, sont les cours dites de la Madeleine ou du puits artésien.
Ces explications de la vue à vol d'oiseau, inutiles aux anciennes pensionnaires de Saint-Denis, peuvent ne pas être sans intérêt aux familles des élèves qui n'en sont pas encore sorties ou qui vont y entrer.
Les constructions de l'ancien palais abbatial (aujourd'hui l'institution impériale) furent commencées en 1700 par Robert de Cotte, architecte de Louis XIV, et ensuite de Louis XV. C'était le beau-frère de Mansart, dont il avait été l'élève. Florent le Comte se montre sobre de compliments à son égard; il n'était cependant pas dépourvu de talent. On sait qu'en l'année 1735, il fut remplacé dans la direction de ces travaux par Christofle père, dont les idées s'accordaient avec les siennes.
Une somme de six millions (énorme pour ce temps) fut employée par les deux premiers architectes pour élever les bâtiments claustraux de l'abbaye; mais les travaux ne s'arrêtèrent qu'en 1780. Cette splendide demeure, destinée à un ordre régulier, ne rentrait en réalité dans aucune des conditions exigées pour un édifice religieux. Elle ne servit pas longtemps, il est vrai, aux moines bénédictins qui devaient l'habiter; le dernier chapitre général tenu dans l'abbaye fut convoqué le 2 septembre 1792, et dom de Verneuil, qui devait clore la liste des grands prieurs, fut sécularisé en la même année.
En 1805, un décret, signé à Schœnbrunn, ouvrit un asile aux filles de ceux qui avait perdu la vie sur les champs de bataille et auxquels l'ordre de la Légion d'honneur, récemment institué, avait été accordé par l'empereur. Trois maisons, parmi lesquelles on comptait le vaste château de Chambort, furent primitivement désignées pour servir d'asile ou plutôt de pensions; il n'était pas encore question de l'abbaye de Saint-Denis.
Le livre de Mme d'Ayzac fait connaître toutes les péripéties par lesquelles passa l'idée première d'installation avant de se réaliser d'un façon définitive. Les maisons de Corberon, des Loges et d'Ecouen précédèrent dans leur organisation "la Maison impériale de Napoléon" à Saint-Denis. La maison d'Ecouen fut définitivement constituée le 5 septembre 1807, et Mme Campan en prit la direction le 12 mars 1809. Elle se peupla avec trop de promptitude pour qu'on ne sentit pas la nécessité de lui adjoindre un autre établissement. 
Ce fut alors qu'un décret du 29 mars 1809 permit d'ériger en succursale l'ancienne abbaye de Saint-Denis, qu'on avait transformée en caserne. Le parc était complètement dévasté et une partie des dépendances tombaient en ruine. Tout fut bientôt réparé, au moyen d'une somme de 660.439 francs allouée pour l'ameublement et la restauration du nouvel institut.
Deux ans après, les travaux préparatoires étaient terminés, Mme du Bouzet, était appelée à diriger ce vaste établissement, qui s'ouvrit définitivement le 16 novembre 1812.

Le Magasin pittoresque, décembre 1866.


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