Les fortifs.

Les fortifs.

Les fortifications de Paris vont disparaître. Hâtons-nous de décrire la population hétéroclite qui, de tout temps, y a établi domicile et qui en a fait encore aujourd'hui, un pays étrange aux mœurs invraisemblables.

Où serait-on mieux que sur les fortifs pour faire la sieste... voire pour coucher à la belle étoile?

Les fortifs ont leurs artisans: tel le père Vitcoq, primé au concours Lépine pour ses jouets populaires.

Petits vagabonds, bohémiens, chiffonniers en herbe, toute une population enfantine vit et grandit sur les fortifs. C'est pour instruire ce petit monde, et aussi pour le soustraire aux promiscuités interlopes, que le pasteur Anderson a fondé son école ambulante qui fait le tour des fortifications de Paris.

                   Tout le monde propriétaire: un village primitif aux portes de Paris.

Quelques piquets, des planches, des clous, et les débrouillards ont vite fait de s'improviser une demeure. A la porte de Levallois, voici le "quartier" des repasseurs de couteaux: dix pauvres hères ont acheté une meule et se partagent les bénéfices.

                                            Le "cottage" d'un Châtelain des fortifs.

Cette coquette roulotte, avec jardin et dépendances, pour 50 francs par an, avouez que c'est pour rien!

Ceux qui vivent à la lisière de Paris: un "ancien" de la porte de Pantin.

Pour "faire le lundi", par les beaux jours d'été, les recoins champêtres des fortifs sont le vrai "trou pas cher" des familles nombreuses. Après un copieux pique-nique, on se repose, on cause, on rit, tout en surveillant la marmaille.

Qui donc a dit qu'on fait de mauvaises rencontres, aux fortifs? Voyez si ces deux jeunes "habitués" ont l'air terrible.

Photos extraites de l'article: "En leur domaine des "fortifs" de Lecture pour Tous.

Lecture pour Tous, 1908.