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lundi 29 janvier 2018

Le truc du bon bourgmestre.

Le truc du bon bourgmestre.

On lit dans le Lorrain, quelques anecdotes qui montrent que les mœurs électorales sont singulières en tous pays. 
Dans un petit district de la Prusse orientale, le bourgmestre réunit ses électeurs, peu nombreux, et qui sont presque tous ses fermiers, car il est grand propriétaire de terrains. Pour stimuler leur zèle pour la bonne cause, il s'engage à les réunir en un banquet de Gamache* s'ils votent pour le candidat gouvernemental. "Mais à la condition, a-t-il soin d'ajouter, qu'il n'y ait pas une défaillance. Je ne veux pas une seule voix pour le candidat socialiste."
Comment refuser une si bonne aubaine? Les braves électeurs se sentent tout à coup un amour insoupçonné pour les pouvoirs établis; le meilleur des gouvernements n'est-il pas celui où l'on dîne?
Ils votent comme un seul homme pour le candidat du bourgmestre. Mais, qui l'eût cru? on trouve dans l'urne un bulletin au nom du candidat socialiste. C'est le bourgmestre qui l'y a mis et le bourgmestre malin ne paye pas son dîner...
Dans une circonscription de la Saxe, un candidat avise un électeur: 
"- Combien t'a donné mon concurrent, afin que tu votes pour lui?
- Quatre marks que voilà...
- Ce n'est pas assez. Tu voteras pour moi, voici cinq marks..."
Et dans la main de l'électeur, le candidat dépose cinq marks, mais reprend les quatre marks de son concurrent... C'est économique, et après tout, c'est juste! Qu'en pensez-vous?

Mon Dimanche, revue populaire illustrée, 7 juillet 1907.


*Nota de Célestin Mira: Allusion au banquet que donna le comte Guillaume de Gamaches afin de réunir ses troupes en Picardie dans le but d'arrêter les conquêtes du duc de Warvick. Voir "Vie de Guillaume de Gamaches, second du nom, comte de Gamaches, premier grand veneur de France, gouverneur de Compiègne. Chez Prault, imprimeur du Roi, 1786."

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