Superstitions Quercinoises.
Au massif montagneux du plateau central français, prolongé par ses versants, ses plateaux étagés, ses causses coupés de vallées profondes et de torrents, outre l'Auvergne et le Limousin, se rattache la Marche, le Périgord, le Velay, le Gévaudan, le Rouergue et, un degré plus bas, le Quercy.
Sur les plateaux élevés, nus et froids, abandonnés à la pâture, où les villages sont rares, la vie des Caussenards est très dure et très pauvre. Dans les profondes vallées, le sol est, au contraire, productif et verdoyant; les hommes sont plus heureux. Toutes ces populations rustiques sont laborieuses et vaillantes, mais rudes de mœurs, ignorantes et superstitieuses, aussi bien dans la Lozère que dans le Gévaudan, en Rouergue comme en Quercy.
"La superstition trône en Quercy. Guerre à qui y touche! Elle est la reine là, reine impitoyable... Grands et petits, vieux et jeunes, riches et pauvres, tous frissonnent et pâlissent si une salière est renversée sur la table un jour de jeûne, surtout en carême; si on trébuche un 13; si le coq pond des œufs où il y a des serpents de l'enfer! si les chiens aboient à la lune; si les bœufs regardent le curé, les moutons le maire; si quelque coup de vent emporte un béret dans un vivier; s'il tombe une goutte de pluie sur l’œil gauche d'un garçon, sur l'oreille droite d'une fille, sur les anneaux de mariage; si les chats aiguisent leurs ongles à l'écorce d'un noyer ou d'un peuplier de la Caroline; si les corbeaux se mettent sur le dos au milieu de l'aire; si les pies vous suivent en longeant les buissons de la route; si le porc se vautre dans l'auge; si une araignée voyage sur le bonnet de nuit, un ver dans les sabots!... (1).
Le centre de toutes ces superstitions, c'est le mage, entendez le magicien, le sorcier, le devin, qui est en même temps le rebouteux, guérisseur non patenté des gens et des bêtes, lequel par la science mystérieuse qu'on lui suppose et le pouvoir occulte qu'on lui attribue, exerce sur les naïfs paours illettrés une influence extraordinaire... et lucrative.
L'instituteur et l'école sont en train de changer tout cela.
(1) Léon Cladel, Les Va-nu-pieds.
Les Peuples de la terre, Ch. Delon, librairie Hachette, 1890.
"La superstition trône en Quercy. Guerre à qui y touche! Elle est la reine là, reine impitoyable... Grands et petits, vieux et jeunes, riches et pauvres, tous frissonnent et pâlissent si une salière est renversée sur la table un jour de jeûne, surtout en carême; si on trébuche un 13; si le coq pond des œufs où il y a des serpents de l'enfer! si les chiens aboient à la lune; si les bœufs regardent le curé, les moutons le maire; si quelque coup de vent emporte un béret dans un vivier; s'il tombe une goutte de pluie sur l’œil gauche d'un garçon, sur l'oreille droite d'une fille, sur les anneaux de mariage; si les chats aiguisent leurs ongles à l'écorce d'un noyer ou d'un peuplier de la Caroline; si les corbeaux se mettent sur le dos au milieu de l'aire; si les pies vous suivent en longeant les buissons de la route; si le porc se vautre dans l'auge; si une araignée voyage sur le bonnet de nuit, un ver dans les sabots!... (1).
Le centre de toutes ces superstitions, c'est le mage, entendez le magicien, le sorcier, le devin, qui est en même temps le rebouteux, guérisseur non patenté des gens et des bêtes, lequel par la science mystérieuse qu'on lui suppose et le pouvoir occulte qu'on lui attribue, exerce sur les naïfs paours illettrés une influence extraordinaire... et lucrative.
L'instituteur et l'école sont en train de changer tout cela.
(1) Léon Cladel, Les Va-nu-pieds.
Les Peuples de la terre, Ch. Delon, librairie Hachette, 1890.
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