Clermont-Ferrand.
Fontaine Delille.
Fontaine Delille.
La ville de Clermont-Ferrand, autrefois capitale du comté , et maintenant chef-lieu du département du Puy-de-Dôme, paraît devoir son origine à Auguste, et être l'ancienne Augustonemetum: vers le milieu du IVe siècle, elle changea cette dénomination pour celle de Urbs-Arverna, qu'elle conserva jusqu'au Xe siècle; le nom de Clermont lui vient d'un château-fort bâti sur un monticule qui la dominait, et s'appelait Clarus-Mons; enfin, en 1633, par un édit de Louis XIII, la ville de Mons-Ferrand ayant perdu son ancienne importance à la suite de la destruction de son château-fort, fut réunie à la ville de Clermont, et n'en forma qu'une seule avec elle, sous le nom de Clermont-Ferrand.
Cette ville avait jadis une étendue d'environ deux lieues de tour. Sous le règne de Charles VI, on construisit de nouveaux faubourgs, et on la fortifia de murs épais et de fossés. La plupart des édifices ont été construits après les guerres des IXe et Xe siècles; mais il paraît que sous les Romains la ville était déjà assez importante.
"On ne saurait, dit Savaron, si peu fouir dans terre, que l'on ne trouve à Clermont des antiques, médaillons, urnes, arches sépulcrales, inscriptions romaines et chrétiennes, thermes, aqueducs, marbres, poteries d'une merveilleuse rougeur et polissure, et autres monuments antiquité."
Clermont a été visité par cinq papes dans le XIe et le XIIe siècle. Il s'y est tenu cinq conciles, en 544, 587, 1095, 1130, et 1162. Dans le concile de 1095, tenu par le pape Urbain II, on comptait treize archevêques et deux cent cinq prélats portant crosse, la plupart français. Parmi les principales dispositions qui y furent prises, on remarque la confirmation de la trêve de Dieu, qui fut établie ainsi qu'il suit: pour tous généralement, depuis le commencement de l'Avent jusqu'à l'octave de la Pentecôte, et pendant les quatre derniers jours de chaque semaine; en tous temps pour les moines et clercs. Philippe, roi de France, y fut excommunié pour son mariage illégitime avec Bertrade; malgré les grands présents que l'on offrait au pape pour l'en détourner.
Mais de tous les actes du concile de Clermont, le plus important fut la publication de la première croisade. Pierre l'Hermite était du diocèse d'Amiens.
Les rues de la ville ont un aspect sombre et triste, principalement dû à la lave dont les édifices sont bâtis; elles sont très rétrécies, et l'on a conservé le souvenir de l'impression désagréable qu'elles firent sur Fléchier:
"La plus grande, disait-il, est la juste mesure d'un carrosse."
Malgré cette autorité, malgré la décadence de la ville, qui dans les anciens auteurs était appelée très noble ville des Gaules, Clermont reste encore, par sa situation, une des cités les plus pittoresques de France. Des fontaines nombreuses, des eaux d'une admirable limpidité, le Puy de Dôme et le ciel nuageux de ce pays de montagnes, lui donnent un caractère particulier plein de poésie.
Parmi les principaux monuments que les voyageurs s'empressent de visiter, est la fontaine de la place Delille, dont nous offrons un dessin.
On ne sait à quel architecte elle est due, et le mon seul de son fondateur est connu; c'est l'évêque de la ville, frère du cardinal George d'Amboise. Vers 1511, ce prélat faisait construire son palais, donna ordre qu'on érigeât cette fontaine sur une place qui se trouvait auprès de la cathédrale; des conduits en briques y amenèrent les eaux des sources de Royat. En 1799, la fontaine fut transportée sur l'emplacement où elle est actuellement.
A cette époque, on en modifia la base, en remplaçant celle qui existait sur une forme octogone et présentait sur ses faces de riches arabesques et autres ornements, par un nouveau bassin circulaire sans sculpture. Il résulte de cette restauration un défaut d'harmonie dans l'ensemble, la pensée du premier auteur n'étant plus complète, et le siècle qui a vu élever ce monument n'étant plus représenté. La fontaine Delille est décorée d'une foule de petites figures, et porte à son sommet la statue d'un homme sauvage avec l'écusson d'armes de la famille d'Amboise.
Le Magasin pittoresque, livraison 49, 1833.
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