M. Antonin Dubost.
C'est le président du Sénat et peut être le futur président de la République, si le Palais du Luxembourg continue à servir d'antichambre au Palais de l'Elysée. Hâtons-nous donc de le présenter à nos lecteurs avant que la Fortune l'ait mis à une place où nous n'oserions le suivre.
M. Dubost est né à l'Arbresle (Rhône) en 1844: il porte gaillardement ses soixante trois ans.
D'abord clerc d'avoué à Lyon, il vint à Paris où il fut secrétaire de Bancel et collabora à plusieurs des journaux qui se fondèrent à ce moment, notamment à la Marseillaise. Il eut bientôt la satisfaction d'assister à la chute de l'Empire et ne manqua pas d'attribuer à ses articles une part importante à ce beau résultat: en quoi je crois pouvoir dire que le jeune et fougueux publiciste exagérait.
Après le 4 septembre, il fut nommé secrétaire général de la Préfecture de Police; il quitta Paris en ballon pour aller rejoindre la délégation de Tours. Celle-ci l'ayant nommé préfet de l'Orne le 3 janvier 1871, il essaya d'organiser la résistance d'Alençon. Il donna sa démission après l'armistice.
M. Antonin Dubost cesse alors pendant huit ans d'être mêlé aux affaires publiques. Le seul titre dont il se pare est celui de maire de la Tour du Pin. Parti du département du Rhône, il a passé par celui de l'Orne pour s'installer dans l'Isère. Mais c'est là sa dernière étape et sa carrière politique s'y accomplira tout entière.
De 1879 à 1880, M. Antonin Dubost se voit comblé des faveurs de la fortune. Conseiller d'état en service extraordinaire et Chef du cabinet du ministre de la Justice, puis Conseiller d'Etat en service ordinaire. Conseiller général de l'Isère et député de la Tour du Pin, grâce à une élection partielle, il est réélu pour toutes les législatures suivantes.
Ministre de la Justice en 1893-94 et dans le cabinet Casimir-Périer, il est élu sénateur en 1897 et ses collègues le désignent comme rapporteur général de la commission des finances. Il était premier vice-président du Sénat à l'époque où M. Fallières fut nommé Président de la République: c'est lui qui proclama en cette qualité, les résultats du scrutin au Congrès de Versailles. Il a lui-même succédé depuis lors à M. Fallières.
M. Antonin Dubost a dans les questions financières une compétence toute spéciale. C'est en outre un travailleur assidu. Ceux de ses collègues qui, redoutant sa perspicacité, l'ont nommé vice-président, puis président du Sénat, dans la pensée de se débarrasser d'un fâcheux, ont fait un mauvais calcul. M. Antonin Dubost n'a pas abandonné ses occupations favorites: son dernier travail est un projet de loi sur les retraites ouvrières, mûri avec le plus grand soin et qui apportera de précieuses indications dans le débat qui doit prochainement s'ouvrir sur cette question.
Avant de se présenter aux suffrages de ses concitoyens, M. Antonin Dubost a publié quelques ouvrages d'histoire politique: Les Suspects en 1858 (en collaboration, 1869), Les conditions du Gouvernement en France, Danton et la politique contemporaine, etc.
En résumé, c'est un parlementaire de l'ancienne roche, un de ceux qui préféraient aux succès brillants de la tribune le travail plus fécond du cabinet, qui croyait qu'une bonne foi vaut mieux que dix mauvaises et qui ne prenaient pas le Palais-Bourbon pour le carreau des Halles.
Jean-Louis.
Mon Dimanche, revue populaire illustrée, 19 mai 1907.
M. Dubost est né à l'Arbresle (Rhône) en 1844: il porte gaillardement ses soixante trois ans.
D'abord clerc d'avoué à Lyon, il vint à Paris où il fut secrétaire de Bancel et collabora à plusieurs des journaux qui se fondèrent à ce moment, notamment à la Marseillaise. Il eut bientôt la satisfaction d'assister à la chute de l'Empire et ne manqua pas d'attribuer à ses articles une part importante à ce beau résultat: en quoi je crois pouvoir dire que le jeune et fougueux publiciste exagérait.
Après le 4 septembre, il fut nommé secrétaire général de la Préfecture de Police; il quitta Paris en ballon pour aller rejoindre la délégation de Tours. Celle-ci l'ayant nommé préfet de l'Orne le 3 janvier 1871, il essaya d'organiser la résistance d'Alençon. Il donna sa démission après l'armistice.
M. Antonin Dubost cesse alors pendant huit ans d'être mêlé aux affaires publiques. Le seul titre dont il se pare est celui de maire de la Tour du Pin. Parti du département du Rhône, il a passé par celui de l'Orne pour s'installer dans l'Isère. Mais c'est là sa dernière étape et sa carrière politique s'y accomplira tout entière.
De 1879 à 1880, M. Antonin Dubost se voit comblé des faveurs de la fortune. Conseiller d'état en service extraordinaire et Chef du cabinet du ministre de la Justice, puis Conseiller d'Etat en service ordinaire. Conseiller général de l'Isère et député de la Tour du Pin, grâce à une élection partielle, il est réélu pour toutes les législatures suivantes.
Ministre de la Justice en 1893-94 et dans le cabinet Casimir-Périer, il est élu sénateur en 1897 et ses collègues le désignent comme rapporteur général de la commission des finances. Il était premier vice-président du Sénat à l'époque où M. Fallières fut nommé Président de la République: c'est lui qui proclama en cette qualité, les résultats du scrutin au Congrès de Versailles. Il a lui-même succédé depuis lors à M. Fallières.
M. Antonin Dubost a dans les questions financières une compétence toute spéciale. C'est en outre un travailleur assidu. Ceux de ses collègues qui, redoutant sa perspicacité, l'ont nommé vice-président, puis président du Sénat, dans la pensée de se débarrasser d'un fâcheux, ont fait un mauvais calcul. M. Antonin Dubost n'a pas abandonné ses occupations favorites: son dernier travail est un projet de loi sur les retraites ouvrières, mûri avec le plus grand soin et qui apportera de précieuses indications dans le débat qui doit prochainement s'ouvrir sur cette question.
Avant de se présenter aux suffrages de ses concitoyens, M. Antonin Dubost a publié quelques ouvrages d'histoire politique: Les Suspects en 1858 (en collaboration, 1869), Les conditions du Gouvernement en France, Danton et la politique contemporaine, etc.
En résumé, c'est un parlementaire de l'ancienne roche, un de ceux qui préféraient aux succès brillants de la tribune le travail plus fécond du cabinet, qui croyait qu'une bonne foi vaut mieux que dix mauvaises et qui ne prenaient pas le Palais-Bourbon pour le carreau des Halles.
Jean-Louis.
Mon Dimanche, revue populaire illustrée, 19 mai 1907.
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