Histoires du vieux Paris: le Pavillon de la Liberté.
C'est chose bien décidée, cette fois: le ministère des colonies abandonne au Musée du Louvre, qui pourra s'y développer à l'aise, le Pavillon de Flore.
Ah! ce pavillon! Les plus grands événements qui touchent à l'histoire contemporaine s'y sont accomplis. Que de drames s'y sont succédés depuis le jour où Louis XVI, amené de Versailles à Paris par le peuple, vint s'y installer avec sa famille. S'il y eut jamais un palais qui réserva à ses hôtes le pire destin, c'est bien celui-là. Des six souverains qui l'ont occupé, un seul put mourir paisiblement dans son lit. Encore eut-il à subir, lui aussi, l'épreuve d'une fuite précipitée.
C'est dans cette aile méridionale des Tuileries qu'après l'emprisonnement de Louis XVI au Temple, siégèrent le Comité de salut public, le Comité des finances et de la marine, etc...
Le cerveau de la Révolution.
De ce Pavillon de Flore sortirent toutes les grandes mesures, tous les grands coups de foudre qui devaient arrêter les armées étrangères et détruire les insurrections. Les hommes qui se rencontraient là étaient Carnot, Robespierre, Jean-Bon-Saint-André, Prieur, Barrère, Couthon, Saint-Just, Billaud-Varennes, Collot-d'Herbois. Le travail était permanent dans ce Comité, dont les membres se faisaient apporter leurs repas frugal (on était en pleine famine) pour ne pas interrompre leur effrayant labeur.
Sur la table au tapis vert (conservée aux Archives) où écrivaient les représentants du Peuple, s'entassaient les ordres et les missives. "Souvent, je n'entendais rien, disait Carnot; pas un mot, par un souffle, rien que le bruit des plumes qui couraient sur le papier." Ce petit bruit des plumes remuait toute la France.
De Brumaire à Waterloo.
Mais il était écrit que les hôtes des Tuileries ne devaient être que des hôtes éphémères. A la convention succède le Conseil des Anciens, puis le silence se fait: c'est Brumaire. Fermé pendant quelques mois, le Palais fut de nouveau habité en 1800. Le 19 février, Bonaparte, premier consul entrait au Pavillon de Flore avec Joséphine.
Ce fut au Pavillon de Flore que fut logé le pape Pie VII lorsqu'il vint à Paris sacrer l'Empereur; il y habita le petit appartement que la reine Marie-Antoinette avait fait aménager pour lui servir de pied à terre lorsqu'elle venait sans suite à Paris.
Voici 1814. Un nouveau va-et-vient de royautés triomphantes ou déchues va s'effectuer dans cette grande hôtellerie des Tuileries. En janvier, Napoléon avec Marie-Louise et le roi de Rome quitte le vieux palais. En 1815, dans la nuit du 19 au 20 mars, Louis XVIII, à peine rentré depuis une année à Paris, franchissait à minuit le vestibule du Pavillon de Flore, péniblement appuyé sur le duc de Daras et le comte de Blacas; il montait en voiture pour reprendre le chemin de l'exil.
Le lendemain, Napoléon venait reprendre dans son ancien logis, le sceptre et le manteau impérial. Le 12 juin, il allait se mettre à la tête de l'armée de Waterloo. Le 23 du même mois, le gouvernement provisoire s'établissait au Pavillon de Flore sous la présidence de Fouché. Enfin, le 8 juillet, Louis XVIII, le roi de Gand, se réinstallait au palais pour y régner neuf ans.
Charles X dans les appartements du Pavillon de Flore, tint, le 25 juillet 1830, le Conseil décisif dans lequel furent signées les Ordonnances. Quatre jours plus tard, le peuple provoqué entrait en vainqueur dans le château.
Le 27 février 1848, c'est dans une pièce voisine où avaient été signées les Ordonnances, que Louis-Philippe signait son abdication. Quatre ans plus tard, Napoléon III faisait de ce salon son cabinet particulier.
L'architecte Leprel achevait à peine de rebâtir le Pavillon de Flore, lorsque survinrent les événements de 1870. Le 4 septembre, c'est par ce pavillon que l'impératrice put s'échapper des Tuileries. C'était la fin de l'Empire.
Nicolas Flamel.
Mon Dimanche, revue populaire illustrée, 7 juillet 1907.
Voici 1814. Un nouveau va-et-vient de royautés triomphantes ou déchues va s'effectuer dans cette grande hôtellerie des Tuileries. En janvier, Napoléon avec Marie-Louise et le roi de Rome quitte le vieux palais. En 1815, dans la nuit du 19 au 20 mars, Louis XVIII, à peine rentré depuis une année à Paris, franchissait à minuit le vestibule du Pavillon de Flore, péniblement appuyé sur le duc de Daras et le comte de Blacas; il montait en voiture pour reprendre le chemin de l'exil.
Le lendemain, Napoléon venait reprendre dans son ancien logis, le sceptre et le manteau impérial. Le 12 juin, il allait se mettre à la tête de l'armée de Waterloo. Le 23 du même mois, le gouvernement provisoire s'établissait au Pavillon de Flore sous la présidence de Fouché. Enfin, le 8 juillet, Louis XVIII, le roi de Gand, se réinstallait au palais pour y régner neuf ans.
Charles X dans les appartements du Pavillon de Flore, tint, le 25 juillet 1830, le Conseil décisif dans lequel furent signées les Ordonnances. Quatre jours plus tard, le peuple provoqué entrait en vainqueur dans le château.
Le 27 février 1848, c'est dans une pièce voisine où avaient été signées les Ordonnances, que Louis-Philippe signait son abdication. Quatre ans plus tard, Napoléon III faisait de ce salon son cabinet particulier.
L'architecte Leprel achevait à peine de rebâtir le Pavillon de Flore, lorsque survinrent les événements de 1870. Le 4 septembre, c'est par ce pavillon que l'impératrice put s'échapper des Tuileries. C'était la fin de l'Empire.
Nicolas Flamel.
Mon Dimanche, revue populaire illustrée, 7 juillet 1907.
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