Chronique du 31 octobre 1858.
De nombreux sinistres ont été causés cet été par les chiens enragés; le plus affreux a eu lieu en plein Paris, où les chiens ont si peu de choses à faire.
A deux heures de l'après-midi, un chien furieux, sortant des Tuileries, s'est engagé dans la rue de Rohan. Tout le monde fuyait devant lui; plusieurs femmes, sur lesquelles il s'était jeté, n'ont dû qu'à leurs jupons d'acier d'être préservées de ses morsures. Arrivé à la rue Saint-Honoré, cet affreux animal a saisi la jambe du sieur T...; aux cris de ce malheureux, le sergent de ville P..., du deuxième arrondissement, et un courageux passant, le sieur G... sont accourus.
L'agent a saisi le chien par la tête, tandis que le sieur G... lui desserrait la mâchoire. Cédant à leurs efforts, l'animal quitta la jambe de T... s'élança sur G..., qu'il mordit à la main droite, puis saisit le sergent de ville au bras gauche et s'y tint suspendu. Ses dents étaient tellement enfoncées dans les chairs, qu'il fallut le tuer à coups d'épée pour lui faire lâcher sa proie.
Les trois blessés, se rendant dans la pharmacie la plus voisine, ont subi la cruelle opération du fer rouge appliqué sur les chairs.
Ainsi voilà trois hommes dévoués et généreux qui ont enduré ce martyre et qui seront encore longtemps livrés à de terribles angoisses, parce qu'il plaît à certaines gens de conduire partout avec eux ces horribles bêtes.
Le sieur Joseph B... , âgé de trente ans, était judiciairement séparé de sa femme, et il éprouvait un violent chagrin de sa position.
Après diverses tentatives pour amener une réconciliation, il y renonça.
Une après-midi de ces jours-ci, il se rendit chez une dame S... , qui était de sa connaissance. Dans la conversation, il lui raconta une histoire fort triste, fort dramatique; puis tout à coup il prit un couteau-poignard caché sous ses vêtements et se perça le coeur.
Cette triste histoire était la sienne, et, arrivé au dénoûment, il le faisait en action.
La mort a été instantanée.
Avis aux marchands. Un personnage de l'extérieur le plus convenable, se présenta, la semaine dernière, chez le sieur S... , négociant en toiles, rue Saint-Martin, et choisit pour 1.500 francs de toile de Frise et de Flandre. L'achat fait, le personnage donna son nom, et pria qu'on lui envoyât de suite les marchandises par un garçon de magasin, auquel il solderait le montant de la facture.
Une heure après, un homme de peine, traînant une charrette à bras, se dirigea à l'adresse donnée par cet homme.
Un peu avant d'arriver, il rencontra dans la rue l'acheteur accompagné d'un individu en costume d'ouvrier.
- Ah! ce sont mes toiles, dit le premier; Pierre va les conduire chez moi tandis que vous, mon garçon, vous me suivrez chez mon banquier, où je vous payerai la note.
Le second individu emmena la petite voiture; l'homme de peine et l'acheteur se dirigèrent vers une maison de banque.
Le dernier dit au garçon de magasin de l'attendre dans la salle commune, et passa dans une autre pièce.
Le délégué du marchant, se voyant réellement chez un banquier, attendit fort tranquillement. Il lui fallut deux heures entières pour perdre patience. Au bout de ce temps, il entra à son tour dans les bureaux et là il apprit que le personnage dont il donnait le signalement était venu en effet, mais qu'après avoir demandé un léger renseignement, il était sorti par une autre issue.
Le garçon de magasin courut conter l'aventure à son patron qui se hâta de porter plainte.
Par suite, l'acheteur et son prétendu Pierre, qui avait déjà vendu la toile et même la petite voiture qui l'amenait, et en mangeaient le produit dans un hôtel de la rue de Constantine, ont été recherchés, découverts et arrêtés.
Un brave doyen du diocèse de *** présidait à l'installation d'un nouveau curé de village. Pendant la cérémonie, le doyen monta monta en chaire et prononça ces paroles:
"Félicitez-vous, heureux paroissiens de cette église! Le prêtre vénérable à qui la Providence vous confie sera l’œil de l'aveugle, le pied du paralytique et le mari de toutes les veuves!"
A propos de bêtises, voici le texte authentique d'un rapport parvenu à l'administration d'un de nos chemins de fer:
"Monsieur, hier je vous prévenais que, le treillage étant brisé, des poules étaient venues se faire massacrer par le train n° 6. Aujourd'hui ce sont des porcs, qui, en s'aventurant sur la ligne, ont été victimes de leur coupable imprudence."
Paul de Couder.
Journal du Dimanche, 31 octobre 1858.
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