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mercredi 29 juillet 2015

Mariages originaux.

Mariages originaux.

Nous sommes toujours surpris et amusés quand nous apprenons des mariages que la disproportion des âges des conjoints rend étranges et même ridicules. Il nous semble extraordinaire, invraisemblable, qu'une jeune fille de dix-huit ans épouse un"barbon" de cinquante ou soixante ans.
Et cependant le présent nous montre assez souvent de pareilles unions, le passé en présente de plus bizarres encore, de plus incroyables.
Le XVIIIe siècle a été très fécond en ces sortes de mariages. Et parmi tous ceux que nous pourrions citer, nous ne retiendrons que les plus cocasses, les plus disproportionnés.
Ce que l'on voit le plus fréquemment, c'est l'union d'un vieillard avec une jeune fille attirée par le titre ou par la fortune du prétendant. Il est plus rare que le contraire se produise et qu'un jeune homme épouse une femme âgée. Or, au mois de mars 1725, le jeune Duchemin, âgé de seize ans épousa la Duclos, la célèbre actrice, qui était alors dans sa cinquante-quatrième année. Ce mariage d'ailleurs, ne réussit pas à la comédienne, qui, rouée de coups par un mari lassé de la tendresse et des soins trop assidus de sa compagne, lui intenta un procès pour faire casser le mariage. Mais le divorce n'existait pas encore, la Duclos perdit son procès et dut continuer à vivre avec un misérable qui la battait, la ruinait et la trompait.
Voici maintenant d'autres mariages, qui, bien que l'épousée soit plus jeune que l'époux, et même à cause de cela, ne manquent point d'originalité.
En janvier 1707, le comte d'Evreux, grand seigneur, ayant besoin de redorer son blason, épouse Mlle Crozat, âgée de douze ans, mais qui lui apporte une dot de deux millions.
Le 10 avril 1725, Mlle de Prie, sept ans et demi, "est accordée à M. d'Aubusson", dix-sept ans, lequel achète quelques semaines plus tard le régiment de Royal-Piémont.
Enfin, le comble de l'originalité paraît atteint par le mariage au mois de mai 1720, du marquis d'Oise avec Mlle André. Le mari, brigadier des armées du roi, avait trente-trois ans; la jeune épouse avait un peu moins de... vingt mois.
Ces mariages, comme l'on pense bien, ne furent jamais consommés. C'étaient de pures affaires d'argent, des marchés, où les uns échangeaient leur fille contre le titre des autres. Aussi tous les mariages de ce genre qui furent contractés à cette époque donnèrent-ils lieu à des revendications et à des procès sans fin.

                                                                                                                       G. Leduc.

Mon Dimanche, Revue populaire illustrée, 29 janvier 1905.

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