Le Pont-Royal.
Nous reproduisons un des coins les plus riants et les plus pittoresques de Paris, le Pont-Royal et le pavillon de Flore, vus du quai d'Orsay.
En cet endroit, la Seine coule au milieu d'un bouquet d'arbres magnifiques, les uns plantés sur sa berge, les autres appartenant au jardin des Tuileries. Ajoutons que, du Pont-Royal, en regardant la rivière en amont, on aperçoit, dans une teinte de brouillard, légère et permanente, la cité avec ses nombreux clochetons qui rappellent encore le moyen âge.
Le coin dont nous avons voulu vous parler se compose de deux monuments: des Tuileries, et spécialement du pavillon de Flore, du Pont-Royal, qui réunit la rue du Bac au quartier du Louvre, la basse rive de la Seine à la rive haute.
Dans l'incendie du palais des Tuileries, en 1871, le pavillon de Flore n'a presque point été touché; son pendant, le pavillon de Marsan, n'est plus qu'un monceau de ruines. Tous deux ont fait le plus grand honneur à Bullant sur les dessins duquel on les a achevé pendant le règne de Louis XIII. La hauteur du premier étage est plus élevée que la façade du Palais. Des croisées montent à travers l'architrave et la frise, jusque sous la corniche, et produisent, il faut en convenir, un effet assez désagréable. Sous Napoléon, la restauration du pavillon de Flore a été très-complète; mais l'architecture, multipliant les ornements de toutes sortes, n'a pu faire disparaître ce défaut. Au surplus, le pavillon de Flore se raccorde parfaitement bien avec la grande galerie du Musée qui longe le bord de l'eau.
Jusqu'en 1682, on ne communiquait du faubourg Saint-Germain avec les Tuileries que par un bac, lequel donna son nom à un chemin, puis à une rue, rue du Bac. Mais, à cette époque, Barbier, contrôleur général des bois d'Ile-de-France, eut l'idée de faire construire un pont de bois pour remplacer le bac, situé en face de la rue de Beaune.
Ce pont fut appelé Pont-Barbier, et, plus tard, en l'honneur de la reine Anne d'Autriche, il fut appelé Pont Sainte-Anne, ou Pont des Tuileries, à cause de sa situation. Lorsqu'on l'eut peint en rouge, on le baptisa Pont-Rouge. Sous la révolution, il fut Pont-National, en opposition au nom de Pont-Royal, qu'il avait porté auparavant, parce que le roi en avait fait les frais, s'élevant à plus d'un million. Il comprend cinq arches à plein-cintre. Les glaces, les crues d"hiver l'ont souvent endommagé. En 1684, il fut emporté tout entier.
Sauf les dernières restaurations, le pont actuel date du règne de Louis XIV, qui le fit rebâtir en pierre. Les fondements en furent jetés, en 1685, par Mansart et Gabriel, auxquels succéda un religieux dominicain nommé François Romain, qui jouissait d'une immense réputation quant à l'art d'élever ce genre de constructions. Romain triompha de toutes les difficultés, et fonda les piles sur pilotis avec enrochement. Au bout de quelques mois, le public pouvait passer sur le pont.
Son histoire, à peu près nulle, est loin de ressembler à celle du Pont-Neuf. Point de théâtres, point de baladins ni d'escamoteurs. Le populaire ne s'y donna rendez-vous que les jours de fête publique, lorsqu'un feu d'artifice était tiré du quai d'Orsay. Sous la monarchie de 1830, on y venait voir passer le roi Louis-Philippe, quand avait lieu, au Palais-Bourbon, l'ouverture de la chambre des députés. En 1832, un coup de pistolet fut tiré sur ce prince au moment où il traversait le Pont-Royal pour se rendre au milieu des représentants de la nation. Aujourd'hui, à peine quelques détachements de la caserne d'Orsay y paraissent vers l'heure où les postes militaires sont relevés; à peine quelques flâneurs provinciaux s'y arrêtent pour contempler le vaste panorama qui s'étend, d'un côté jusqu'à Notre-Dame, de l'autre jusqu'aux Invalides et à l'Arc de Triomphe.
Aug. Challamel.
La Mosaïque, Revue pittoresque illustrée de tous les temps et de tous les pays, 1878.
En cet endroit, la Seine coule au milieu d'un bouquet d'arbres magnifiques, les uns plantés sur sa berge, les autres appartenant au jardin des Tuileries. Ajoutons que, du Pont-Royal, en regardant la rivière en amont, on aperçoit, dans une teinte de brouillard, légère et permanente, la cité avec ses nombreux clochetons qui rappellent encore le moyen âge.
Le coin dont nous avons voulu vous parler se compose de deux monuments: des Tuileries, et spécialement du pavillon de Flore, du Pont-Royal, qui réunit la rue du Bac au quartier du Louvre, la basse rive de la Seine à la rive haute.
Dans l'incendie du palais des Tuileries, en 1871, le pavillon de Flore n'a presque point été touché; son pendant, le pavillon de Marsan, n'est plus qu'un monceau de ruines. Tous deux ont fait le plus grand honneur à Bullant sur les dessins duquel on les a achevé pendant le règne de Louis XIII. La hauteur du premier étage est plus élevée que la façade du Palais. Des croisées montent à travers l'architrave et la frise, jusque sous la corniche, et produisent, il faut en convenir, un effet assez désagréable. Sous Napoléon, la restauration du pavillon de Flore a été très-complète; mais l'architecture, multipliant les ornements de toutes sortes, n'a pu faire disparaître ce défaut. Au surplus, le pavillon de Flore se raccorde parfaitement bien avec la grande galerie du Musée qui longe le bord de l'eau.
Jusqu'en 1682, on ne communiquait du faubourg Saint-Germain avec les Tuileries que par un bac, lequel donna son nom à un chemin, puis à une rue, rue du Bac. Mais, à cette époque, Barbier, contrôleur général des bois d'Ile-de-France, eut l'idée de faire construire un pont de bois pour remplacer le bac, situé en face de la rue de Beaune.
Ce pont fut appelé Pont-Barbier, et, plus tard, en l'honneur de la reine Anne d'Autriche, il fut appelé Pont Sainte-Anne, ou Pont des Tuileries, à cause de sa situation. Lorsqu'on l'eut peint en rouge, on le baptisa Pont-Rouge. Sous la révolution, il fut Pont-National, en opposition au nom de Pont-Royal, qu'il avait porté auparavant, parce que le roi en avait fait les frais, s'élevant à plus d'un million. Il comprend cinq arches à plein-cintre. Les glaces, les crues d"hiver l'ont souvent endommagé. En 1684, il fut emporté tout entier.
Sauf les dernières restaurations, le pont actuel date du règne de Louis XIV, qui le fit rebâtir en pierre. Les fondements en furent jetés, en 1685, par Mansart et Gabriel, auxquels succéda un religieux dominicain nommé François Romain, qui jouissait d'une immense réputation quant à l'art d'élever ce genre de constructions. Romain triompha de toutes les difficultés, et fonda les piles sur pilotis avec enrochement. Au bout de quelques mois, le public pouvait passer sur le pont.
Son histoire, à peu près nulle, est loin de ressembler à celle du Pont-Neuf. Point de théâtres, point de baladins ni d'escamoteurs. Le populaire ne s'y donna rendez-vous que les jours de fête publique, lorsqu'un feu d'artifice était tiré du quai d'Orsay. Sous la monarchie de 1830, on y venait voir passer le roi Louis-Philippe, quand avait lieu, au Palais-Bourbon, l'ouverture de la chambre des députés. En 1832, un coup de pistolet fut tiré sur ce prince au moment où il traversait le Pont-Royal pour se rendre au milieu des représentants de la nation. Aujourd'hui, à peine quelques détachements de la caserne d'Orsay y paraissent vers l'heure où les postes militaires sont relevés; à peine quelques flâneurs provinciaux s'y arrêtent pour contempler le vaste panorama qui s'étend, d'un côté jusqu'à Notre-Dame, de l'autre jusqu'aux Invalides et à l'Arc de Triomphe.
Aug. Challamel.
La Mosaïque, Revue pittoresque illustrée de tous les temps et de tous les pays, 1878.
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