La Sainte-Chapelle du château de Bourbon-L'Archambault.
Le vieux château de Bourbon-l'Archambault est célèbre surtout par sa tour, la Quiquengrogne, encore aujourd'hui debout, et sa Sainte-Chapelle, détruite à la fin du siècle dernier. D'anciennes gravures (1) et des descriptions minutieuses ont permis au crayon de reconstruire ce dernier édifice, qui était un des chefs-d'oeuvre de notre architecture gothique du quinzième siècle.
En entrant dans la cour du château on voyait deux chapelles. L'une d'elles avait été bâtie par le duc Louis 1er et dédiée à Notre-dame: elle était fort petite et d'un style ogival sévère. Notre gravure en montre la façade à gauche. L'autre la Saint-Chapelle, construite sur les dessins de Clément Mauclère et achevée dans les premières années du seizième siècle, était dédié à Jésus Christ crucifié.
Les deux statues placées dans des niches et sous des clochetons aux deux côtés de l'entrée principale du porche sont celles d'Adam et d’Ève. Les trois statues que l'on entrevoit au fond du porche sont, au milieu, saint Louis, qui avait donné au duc Robert un morceau de la vraie croix, et, d'un côté, le duc Jean II, fondateur de l'église, de l'autre sa femme, Jeanne de France. Aux angles du porche étaient deux petits escaliers tournants qui conduisaient à la terrasse ornée d'une jolie balustrade en pierre sculptée. Sur le pignon, au-dessus de la petite galerie à jour, on voyait, suivant quelques autorités, non pas une fenêtre ogivale comme celle représentée dans notre gravure, mais une fleur de lis colossale servant de base à une croix en fer doré.
Un rinceau de vigne serpentait tout autour de l'église, à la naissance des fenêtres, et les contre-forts formaient une sorte d'arcade continue sous laquelle on pouvait se promener depuis une des extrémités du porche à l'autre. La flèche, finement découpée, était décorée de pilastres, de clochetons et d'ogives.
La longueur totale de l'édifice était de 110 pieds, sa hauteur sous voûte de 70 pieds, sa largeur de 37. Trois colonnes en bronze doré ornaient l'autel: de la colonne du milieu retombait une branche d'arbre qui soutenait en l'air un ange portant le saint sacrement. Les stalles étaient élégamment sculptées, ainsi qu'un dais très-riche sous lequel on voyait le Père éternel faisant sortir le monde du chaos. La crypte, appelée le trésor, et où le morceau de la vraie croix était conservé dans un reliquaire d'or enrichi de rubis, de saphirs et de grosses perles, était au-dessous de l'ancienne petite chapelle, mais on y descendait par un escalier pratiqué dans la Sainte-Chapelle...
Il ne reste plus rien des deux chapelles; on ne voit que trois tours du château.
(1) Voy. le Callicanum monasticon, in-folio; l'Ancien Bourbonnais, par Allier; une lithographie du recueil l'Artiste, par André Durand, 1839; etc.
Le Magasin pittoresque, décembre 1853.
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