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mercredi 15 février 2017

Le prix d'un homme.

Le prix d'un homme.

On a souvent discuté la valeur intrinsèque du manœuvre, ce qu'il peut valoir au point de vue matériel, et, toujours un peu d'humanité a tenté d'exagérer cette estimation. Il a fallu le matérialisme américain pour arriver à conclure un calcul, qui semble cependant un peu pessimiste.
Voyons à quelle somme d'argent cet excellent yankee estime la vie d'un travailleur.
Le nouveau-né d'un ouvrier (qui, pour la mère, vaut tous les trésors du monde) n'est estimé que 125 fr., et encore s'il a une belle santé. Si, pour une raison quelconque, il est incapable de travailler, plus tard, sa valeur tombera à zéro.
Un enfant de dix ans est déjà estimé 250 fr.; ce prix s'élève rapidement en cinq ou six ans, car c'est le moment où l'enfant devient homme et commence à gagner sa vie; ce prix peut monter facilement à 4.000 fr.
A vingt-deux ans, l'homme a atteint le maximum de sa valeur, soit: 6.000 fr.
Après quelques années, cette valeur intrinsèque de l'ouvrier diminue, de telle façon, qu'à cinquante ans, il descend à 500 fr.
A soixante-dix ans, il est tombé à 25 fr.
Après cet âge, non seulement l'homme n'a aucune valeur, mais il représente un déficit.
L'intelligence humaine relève, heureusement, ce taux vraiment trop commercial; beaucoup d'hommes prouvent, au contraire, qu'ils ne sont pas que des manœuvres, mais des esprits capables de diriger leurs semblables; le poète l'a dit:

"Les sommets rayonnants du monde
Sont à qui sait les conquérir."

Mon Dimanche, revue populaire illustrée, 17 février 1907.

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