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jeudi 2 février 2017

La maison parisienne en l'an 2000.

La maison parisienne en l'an 2000.

L'an 2000? Nous n'en sommes pas si loin; à peine un tout petit siècle à passer, et au train où le progrès marche, il est fort probable que le monde futur différera énormément du nôtre, sauf peut-être que les modes resteront les mêmes, les couturiers et les modistes ne sachant que copier leurs prédécesseurs.
On s'efforce un peu partout de savoir ce que sera le siècle futur. L'écrivain anglais Wells a écrit à ce sujet un fort curieux volume, les Anticipations, traduit par H. Davray, et qui donne d'intéressants aperçus sur la vie de l'Avenir. Que serons-nous? Toujours les mêmes, car Wells prévoit encore des guerres, encore des disputes électorales et des intrigues parlementaires.
Toutefois, de notables transformations se produiront dans la maison même, dans les moyens de communication et de locomotion. Les progrès de la télégraphie et de la téléphonie sans fil, de l'aérostatique et de l'aviation mettent déjà à notre usage des moyens tout nouveaux qui ne pourront que se perfectionner.
Les villes deviendront d'immenses parcs aérés foisonnant de verdure et de grands arbres avec, au centre, un quartier général d'usines génératrices d'où partira un réseau de force, de lumière, de chaleur, toutes les énergies utiles mises chez soi à la disposition de chacun par la commande de quelques leviers.
Des magasins centraux bondés de marchandises enverront par des moyens semblables, sans qu'on ait à se déranger, tout ce qui sera nécessaire pour se nourrir, s'habiller, se soigner... Avenir peut-être idéal au point de vue de la commodité, mais certainement ennuyeux par sa banalité même. L'homme se lassera de vivre trop facilement, sans lutte et sans initiative: il se plaindra de ressembler par trop à son voisin et se souviendra que l'ennui naquit un jour de l'uniformité.
De cet âge électrique que nous ne verrons pas, nous avons cherché à montrer ici, ce que pourrait être la maison du 20e siècle à la ville.



Au sommet des maisons, pour opérer de nouveau la merveille des jardins suspendus, des serres aérées, entretenues par des cultures forcées, se transformeront à volonté en jardins d'hiver sous les chauds rayons du Soleil électrique.




Inutile de se déranger pour aller au théâtre: c'est dans le salon même, sur l'écran du kinétoscope qu'apparaîtront comme sur la scène les acteurs connus dont la voix s'entendra comme des fauteuils d'orchestre ou de balcon; les spectateurs pourront même entendre et voir des acteurs morts depuis plus de cent ans!




On dansera encore, comme toujours, mais sans orchestre ni piano: des ondes à la fois sonores et lumineuses donneront en même temps la lumière ordinaire ou changeante et la musique des plus entraînantes valses.




Aux terrasses et aux balcons d'élégants dirigeables ramèneront chez eux les invités.





La salle à manger du 21e siècle aura cet avantage d'être absolument discrète: le vrai chez soi; 



des téléphones pour donner les ordres; un monte-plat automatique pour les services; autour de soi, ni domestique ni bonne; sur la table, des plats de choix qui ne seront peut-être point encore les pilules alimentaires annoncées par M. Berthelot.





Le vestiaire, très sélect, ne verra plus le sourire obséquieux des larbins en mal de pourboire. Le jeu de boutons électriques vous revêtira...





La cuisine sera une petite merveille de laboratoire électrique: pas de fourneau congestionnant, pas d'odeur de graillon et de friture: odeurs, vapeurs, fumées sont absorbés à l'instant et au commandement, le plat savamment préparé quitte la cuisine pour aller par le monte-charge se poser sur la table de la salle à manger.




L'entrée de la maison n'aura peut-être rien de plus extraordinaire que celle d'une certaine maison électrique des environs de Troyes, qui fonctionne électriquement.




On sonne. Entrez! L'escalier électrique amène le visiteur sur le palier, et le conduit au vestiaire, tandis que des brosses consciencieuses, et antiseptiques!, chassent toute poussière de la chaussure et de ses vêtements.

Mon dimanche, revue populaire illustrée, 7 juin 1908.

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