Les patineurs.
Divertissements de l'hiver.
Divertissements de l'hiver.
Désormais le patinage aura ses fastes comme le sport et le canotage. L'hiver qui semblait nous faire des loisirs depuis quelques années, nous fait sentir ses rigueurs aujourd'hui, et les lacs du bois de Boulogne ont été de nouveaux sillonnés par les patineurs.
Les jolies promeneuses vêtues de fourrures, les élégants qui cherchent les occasions de plaisir se sont réunis sur les lacs autour desquels ils ont tant de fois promené leur nonchalance, étendus sur les coussins de leurs calèches aux beaux jours d'été.
L'empereur lui-même accompagné de l'impératrice et de quelques personnes de sa cour sont venus se livrer à ce divertissement du patin. On a revu les élégants traîneaux, les riches fourrures et les livrées d'hiver.
L'exercice du patin permet de déployer une élégance dans les mouvements, une grâce qui sied bien aux merveilleuses, et les habitants du nord qui viennent passer l'hiver à Paris, ont facilement remporté la palme. Nos chroniqueurs eux-même ont dû se morfondre, gelés et perclus, pour assister à ces élégantes réunions qui ne se présentent qu'exceptionnellement avec la douceur de notre climat.
Ce n'est pas assez de courir au bois de Boulogne où, afin d'éviter tout accident, l'administration municipale avait fait inonder une prairie derrière les tribunes du champ de course. Sa surface gelée est assez profonde pour porter les patineurs et les traîneaux, et dans le cas où la glace se rompt, on ne peut avoir aucun accident à déplorer.
Le bois de Vincennes a été aussi envahi, mais le public n'est plus le même, les élégants traîneaux sont remplacés par de naïfs véhicule confectionnés à peu de frais par les patineurs des faubourgs; leurs plaisirs sont tout aussi vifs, mais la foule est moins nombreuse, car les ateliers tout proche et les labeurs de chaque jour ne permettent qu'aux jours fériés ces distractions innocentes qui ont pour les Parisiens un attrait d'autant plus grand qu'elles se présentent plus rarement.
Le dessin de M. de Montaut montre encore le loueur de patin, une industrie que l'hiver voit éclore. Ces modestes spéculateurs renaissent de leurs cendres, ils ont vendu le coco, rafraîchissement populaire, en été aux abords des théâtres, et les jours d'éclipse, ils vendent des verres noircis. Caméléons de l'industrie, ils échangent la balle du colporteur contre l'éventaire du marchand de pomme et varient leur commerce suivant les saisons.
Peut-être au moment où ce dessin passera sous les yeux du lecteur, le temps sera-t-il moins rigoureux, la froidure était une actualité, et nous avons dû, les pieds gelés par les vents coulis qui glissent sous les portes, constater l'abaissement du thermomètre.
Le Monde illustré, 16 janvier 1864.
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