Le chat de mademoiselle Dupuy.
Bayle, dans son article sur Rosen, rappelle, à l'occasion de la reconnaissance qu'on doit aux animaux pour les services qu'ils nous rendent, le testament d'une demoiselle Dupuy en faveur de son chat.
Cette demoiselle jouait de la harpe d'une manière très-remarquable, et elle était persuadée qu'elle devait son talent à son chat. En effet, chaque fois qu'elle préludait sur cet instrument, ce chat venait s'asseoir devant elle, écoutait avec une attention soutenue, et donnait des marques d'intérêt et d'attendrissement très-vifs aux passages qui étaient les mieux exécutés. C'était sur les impressions qu'elle épiait en lui que mademoiselle Dupuy jugeait du plus ou moins de précision et de sensibilité de son jeu; en un mot, à tort ou à raison, elle ne doutait point qu'elle ne fût redevable de sa réputation à son chat.
Lorsqu'elle sentit sa mort approcher, elle fit venir un notaire et lui dicta son testament.
Elle légua à son chat une jolie maison à la ville et une autre à la campagne, avec un revenu suffisant pour lui rendre la vie heureuse et agréable; puis, afin d'être assurée que l'on respecterait sa volonté dernière, elle fit d'autres legs considérables à plusieurs personnes de mérite, sous la condition expresse qu'elles veilleraient à ce que la clause principale de son testament fût fidèlement exécutée. Elle imposa même à ces personnes l'obligation d'aller tenir compagnie à son chat plusieurs fois chaque semaine.
Moncrif, qui cite cette anecdote dans son livre sur les Chats, dit que le testament fut attaqué, les avocats les plus célèbres écrivirent des Mémoires pour ou contre sa validité. Il paraît certain, qu'en définitive, on considéra l'excentricité de cet acte comme très-voisin de la folie, et que le testament fut annulé.
Magasin Pittoresque, 1851.
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