Gratter du peigne à la porte.
L'auteur du Nouveau traité de la civilité sous Louis XIV dit, dans le chapitre IV, au sujet des règles qu'il faut observer quand on se présente chez les grands:
"A la porte des chambres ou du cabinet, c'est ne pas savoir le monde que de heurter (frapper) ; il faut gratter. Et quand on gratte à la porte chez le Roi et chez les Princes, et que l'huissier vous demande votre nom, il le faut dire et jamais ne se qualifier de Monsieur." (1)
La Bruyère, dans son chapitre de la Cour, fait allusion à cet usage, lorsqu'il dit:
"N... arrive avec grand bruit; il écarte le monde, se fait faire place; il gratte, il heurte presque; il se nomme; on respire, et il n'entre qu'avec la foule."
Le baron de la Crasse, personnage d'une comédie de Raymond Poisson, raconte qu'étant allé au Louvre, il avait frappé à la porte du roi. L'huissier, mécontent, lui fit cette remontrance:
Apprenez donc, monsieur de Pézenas
Qu'on gratte à cette porte, et qu'on n'y heurte pas.
Enfin Molière, dans un Remerciement au roi (2), conseillant à sa muse de se travestir en marquis pour être bien accueillie à la cour, lui explique comment elle doit se présenter et s'y comporter:
Vous savez ce qu'il faut pour paroître marquis (3)
N'oubliez rien de l'air ni des habits:
Arborez un chapeau chargé de trente plumes
Sur une perruque de prix;
Que le rabat soit des plus grands volumes,
Et le pourpoint des plus petits.
Mais surtout je vous recommande
Le manteau, d'un ruban sur le dos retroussé;
La galanterie en est grande;
Et parmi les marquis de la plus haute bande
C'est pour être placé.
Avec vos brillantes hardes
Et votre ajustement,
Faites tout le trajet de la salle des gardes (4)
Et, vous peignant galamment,
Portez de tous côtés vos regards brusquement;
Et ceux qui vous pourrez connoître,
Ne manquez pas, d'un haut ton,
De les saluer par leur nom,
De quelque rang qu'ils puissent être:
Cette familiarité
Donne à quiconque en use un air de qualité.
Grattez du peigne (5) à la porte
De la chambre du roi;
Ou si, comme je prévoi,
La presse s'y trouve trop forte,
Montrez de loin votre chapeau,
ou montez sur quelque chose,
Pour faire voir votre museau. (6)
Et le pourpoint des plus petits.
Mais surtout je vous recommande
Le manteau, d'un ruban sur le dos retroussé;
La galanterie en est grande;
Et parmi les marquis de la plus haute bande
C'est pour être placé.
Avec vos brillantes hardes
Et votre ajustement,
Faites tout le trajet de la salle des gardes (4)
Et, vous peignant galamment,
Portez de tous côtés vos regards brusquement;
Et ceux qui vous pourrez connoître,
Ne manquez pas, d'un haut ton,
De les saluer par leur nom,
De quelque rang qu'ils puissent être:
Cette familiarité
Donne à quiconque en use un air de qualité.
Grattez du peigne (5) à la porte
De la chambre du roi;
Ou si, comme je prévoi,
La presse s'y trouve trop forte,
Montrez de loin votre chapeau,
ou montez sur quelque chose,
Pour faire voir votre museau. (6)
(1) A. de Courtin, Nouveau traité de la civilité qui se pratique en France parme les honnêtes gens.
(2) Remerciement au Roi, fait par J.-B. P. Molière, en l'année 1663, après avoir été honoré d'une pension par Sa Majesté.
La pension était de mille livres, ainsi qu'on le voit dans la liste des pensions pour l'année 1663, extraite des manuscrits de Colbert:
"Au sieur Molière, excellent poëte comique, 1.000 liv."
(3) Il est bien difficile de croire que Molière se fût permis de tourner ainsi en ridicule les marquis, et en toute occasion, s'il n'y eût été encouragé par Louis XIV, qui lui donnait parfois des conseils: on sait, par exemple, que ce fut le roi qui l'invita à mettre en scène le Chasseur (Dorante) dans Les Fâcheux.
(4) Aujourd'hui la salle des Cariatides au Louvre.
(5) On portait toujours un peigne sur soi, pour accommoder au besoin la perruque.
(6) Voy. les notes de M. Eugène Despois dans le troisième volume de Molière, p. 296 et 297 (les grands écrivains de la France, publié sous la direction de M. Ad. Regnier, membre de l'institut)
Magasin Pittoresque, 1875.
(4) Aujourd'hui la salle des Cariatides au Louvre.
(5) On portait toujours un peigne sur soi, pour accommoder au besoin la perruque.
(6) Voy. les notes de M. Eugène Despois dans le troisième volume de Molière, p. 296 et 297 (les grands écrivains de la France, publié sous la direction de M. Ad. Regnier, membre de l'institut)
Magasin Pittoresque, 1875.
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