La vie de famille en Chine.
Un de nos compatriotes, M. Léon Rousset, qui a passé plusieurs années en Chine, et qui a pu pénétrer dans l'intimité de plus d'une famille appartenant à la classe bourgeoise, rend un témoignage très-favorable de l'ordre, de l'union, du bonheur domestique, qui règnent en général dans la société chinoise.
"Le chef de famille, dit-il, jouit d'une autorité incontestée et profondément respectée, et il l'exerce paternellement sur tous ceux dont il a la charge. L'ordre patriarcal qui règne dans ces communautés suffit pour maintenir l'harmonie entre leurs membres; chacun contribue, selon la mesure de ses forces, et sous la direction du père, à la dépense commune. Tandis que les hommes utilisent au dehors leurs connaissances ou leur industrie, les femmes s'occupent, sous l'autorité de la mère, à tous les travaux d'intérieur. L'éducation des enfants et des petits enfants y est entourée de la sollicitude la plus vigilante, et tout ce petit monde donne l'exemple de la concorde, et de l'union la plus parfaite.
Tant que vit le chef de la famille, tous les enfants, quel que soit leur âge, continuent d'habiter sous le toit paternel, à l'exception des filles, qui, le jour de leur mariage, quittent la maison où elles sont nées pour aller habiter avec la famille de leur époux. Quant aux garçons, leur mariage n'a d'autre effet que d'augmenter le nombre des membres de la communauté; il n'est pas rare de rencontrer sous le même toit des représentants de trois, quelquefois de quatre générations successives. Cela se comprend d'autant mieux qu'en Chine on a l'habitude de marier les enfants de très-bonne heure; il n'est pas extraordinaire qu'un garçon de vingt à vingt et un ans soit déjà marié et le plus souvent père de famille; cette coutume excellente a pour effet de créer de bonne heure aux jeunes gens un intérêt à l'intérieur de la maison, et, en les détournant d'aller chercher au dehors des distractions nuisibles, elle leur inculque l'amour de la famille et élève le niveau de la moralité générale.
La bonté paternelle avec laquelle s'exerce l'autorité du chef de famille en fait supporter facilement le joug; chacun l'accepte sans se plaindre et s'en songer à s'en affranchir; pendant tout le cours de mon séjour en Chine, je n'ai jamais entendu s'exprimer la moindre plainte à ce sujet. Les aînés de la famille sont les premiers à donner à leurs cadets et à leurs enfants l'exemple de la subordination et du respect: j'ai vu un fils de plus de quarante ans attendre, debout devant son père, que celui-ci l'eût invité à s'asseoir."
Magasin Pittoresque, 1879.
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