Le cigare matrimonial.
- Mademoiselle, souffrez-vous qu'un fiancé fume?
Si le tabac vous indispose, pour Dieu! n'allez pas en Hollande, vous risqueriez de coiffer Sainte-Catherine... En effet, le tabac est de rigueur, là-bas: que dis-je? Il sert d'intermédiaire et d'agent matrimonial: sans le tabac, point de mariage.
Le fait mérite explication et je vais vous dire une vieille coutume hollandaise qui n'est point tombée en désuétude. Quand un jeune homme sonne à la porte d'une maison où se trouve une jeune fille à marier et qu'il demande du feu pour son cigare éteint, c'est signe que ce jeune homme est un soupirant et qu'il pose sa candidature. S'il récidive, les parents sont fixés. A la troisième visite, le doute n'est plus possible.
Quand la jeune fille donne du feu mais referme immédiatement la porte, le solliciteur se tient pour éconduit. Et il part, infiniment triste. Est-il au contraire reçu; il n'a plus à faire que sa déclaration. Tout en parlant, il fume. Les spirales bleues du tabac ne troublent pas la demoiselle.
Mon dimanche, revue populaire illustrée, 5 août 1906.
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