Alfred Bruneau.
M. Alfred Bruneau, qui s'appelle encore Louis, Charles et Bonaventure, est né à Paris, voici quarante neuf ans. Il entra au Conservatoire où il suivit les leçons de Massenet pour la composition et remporta le premier prix de violoncelle. Quelques années plus tard, il obtenait le second grand prix de Rome.
Dès son jeune âge, il fit naturellement l'orgueil de sa famille et l'admiration des invités. On rappelle à ce propos qu'un vieil ami de la maison, qui restait seul indifférent à la virtuosité de l'enfant, s'attira les reproches d'un parent.
- Allons, n'aurez-vous pas un mot gentil pour notre Alfred? lui dit-on à voix basse.
Le vieillard, peu mondain, était incapable de déguiser ses sentiments dans un compliment fade. Voulant néanmoins témoigner de l'intérêt au jeune musicien, il s'approcha de lui en lui pinçant paternellement l'oreille: "Eh bien, nous avons déjà fini, petit tapageur".
En 1887, le "tapageur" fit jouer son premier opéra Kérim au théâtre du Château-d'Eau.
M. Bruneau s'était mis en tête de rompre avec la tradition et les sujets conventionnels, et comme il ne voulait pas davantage recourir à ce moyen trop simple qui commençait à entrer en pratique, l'imitation de Wagner, il eut l'idée de mettre en musique les œuvres de Zola. Plût au ciel qu'il n'en ait eu que l'idée! Mais il se mit bel et bien à l'oeuvre, et en 1891, il donnait à l'Opéra-Comique le Rêve*, dont le livret, signé par Louis Gallet, était presque entièrement de la main de Zola. Le Rêve ne connut pas un de ces succès qui restent légendaires, le public l'écouta dans le calme et n'en troubla pas la représentation par des applaudissements immodérés.
Cet opéra dut cependant avoir une carrière assez fructueuse, puisque le directeur de l'Opéra-Comique, M. Carvalho commanda à M. Bruneau un autre ouvrage un peu plus mouvementé. Ce conseil fut pris au mot: M. Bruneau écrivit l'Attaque du moulin*, épisode de guerre, dont nos lecteurs ont pu suivre les dramatiques péripéties dans Mon Dimanche, qui a publié cette nouvelle l'an dernier.
L'Attaque du moulin reçut un accueil sympathique qui acheva de persuader M. Bruneau que sa mission sur cette terre était de transformer en opéra tout ce qu'avait écrit Emile Zola. il composa donc Messidor*. Messidor est un opéra social; on y entend les revendications ouvrières formulées en musique. Cette oeuvre témoigne évidemment d'une excellente intention, mais elle n'a servi, je le crains bien, ni les intérêts du peuple ni ceux de l'art lyrique.
Deux autres opéras: l'Ouragan*, puis l'Enfant-Roi fournirent à M. Bruneau la preuve que la recherche outrée du réalisme ne s'accommodait pas encore au goût des amateurs de musique et de chant. Mais M. Bruneau est têtu et il remplira sa mission jusqu'au bout, c'est à dire jusqu'à ce qu'il ne trouve plus de théâtre pour le jouer; il possède encore trois poèmes écrits par Zola*. Il en fera des opéras, ou ce qu'il appelle ainsi, et puis il mettra en musique la Faute de l'abbé Mouret et, qui sait, peut-être ensuite l'Assommoir et pour finir l'Histoire de M. Thiers.
Les personnes qui, ayant entendu les opéras de M. Bruneau, désireraient faire plus ample connaissance avec l'auteur, pourront lire les critiques musicales qu'il a publiées dans certains journaux et qui formeraient aujourd'hui plusieurs volumes. Ce genre de littérature peu folâtre s'est enrichi, grâce à lui, de longues pages, qui ont dû donner le spleen à plus d'un typographe.
Jean-Louis.
Mon Dimanche, revue populaire illustrée, 13 mai 1906.
* Nota de Célestin Mira:
* Alfred Bruneau:
* Le Rêve d'Alfred Bruneau:
Cet opéra dut cependant avoir une carrière assez fructueuse, puisque le directeur de l'Opéra-Comique, M. Carvalho commanda à M. Bruneau un autre ouvrage un peu plus mouvementé. Ce conseil fut pris au mot: M. Bruneau écrivit l'Attaque du moulin*, épisode de guerre, dont nos lecteurs ont pu suivre les dramatiques péripéties dans Mon Dimanche, qui a publié cette nouvelle l'an dernier.
L'Attaque du moulin reçut un accueil sympathique qui acheva de persuader M. Bruneau que sa mission sur cette terre était de transformer en opéra tout ce qu'avait écrit Emile Zola. il composa donc Messidor*. Messidor est un opéra social; on y entend les revendications ouvrières formulées en musique. Cette oeuvre témoigne évidemment d'une excellente intention, mais elle n'a servi, je le crains bien, ni les intérêts du peuple ni ceux de l'art lyrique.
Deux autres opéras: l'Ouragan*, puis l'Enfant-Roi fournirent à M. Bruneau la preuve que la recherche outrée du réalisme ne s'accommodait pas encore au goût des amateurs de musique et de chant. Mais M. Bruneau est têtu et il remplira sa mission jusqu'au bout, c'est à dire jusqu'à ce qu'il ne trouve plus de théâtre pour le jouer; il possède encore trois poèmes écrits par Zola*. Il en fera des opéras, ou ce qu'il appelle ainsi, et puis il mettra en musique la Faute de l'abbé Mouret et, qui sait, peut-être ensuite l'Assommoir et pour finir l'Histoire de M. Thiers.
Les personnes qui, ayant entendu les opéras de M. Bruneau, désireraient faire plus ample connaissance avec l'auteur, pourront lire les critiques musicales qu'il a publiées dans certains journaux et qui formeraient aujourd'hui plusieurs volumes. Ce genre de littérature peu folâtre s'est enrichi, grâce à lui, de longues pages, qui ont dû donner le spleen à plus d'un typographe.
Jean-Louis.
Mon Dimanche, revue populaire illustrée, 13 mai 1906.
* Nota de Célestin Mira:
* Alfred Bruneau:
Alfred Bruneau. |
* Le Rêve d'Alfred Bruneau:
* L'Ouragan d'Alfred Bruneau:
* Lazare, poème lyrique écrit par Emile Zola, d'Alfred Bruneau:
* Alfred Bruneau, Romance pour cor.
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