L'école de la petite bouche.
Dans un roman connu de Dickens, une institutrice fait sans cesse répéter à ses élèves les mots "prunes, prisme, potatoes"* dont la prononciation continue à pour effet de dilater les lèvres trop pincées et donner à la bouche une agréable et savoureuse apparence.
Son procédé a été repris et élevé à la hauteur d'un système par une femme ingénieuse, Mme Alberti, qui se vante de rendre jolies les femmes laides et d'idéaliser les jolies. Elle a fondé un établissement où l'on apprend à tirer bon parti de ses yeux; il y en a où l'on enseigne à imprimer au nez un mouvement de vibration des plus séduisants; il y en a pour les lèvres de très importants. Quand les élèves ont passé par ces exercices préparatoires, elles sont admises au cours d'ensemble ou d'expression générale. Puis vient le concours du sommeil, où l'on est mis en garde contre le danger de se coucher "comme un paquet", dans une pose inesthétique.
Une courte réflexion morale se dégage sans peine de ce qui précède: plaignez les maris dont les femmes auront été à l'école Alberti, à l'école nouveau genre: elles seront vraiment insupportables... de perfection!
Mon Dimanche, revue populaire illustrée, 5 août 1906
* Nota de Célestin Mira:
* Il s'agit du roman "Little Dorrit" de Charles Dickens:
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