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dimanche 15 septembre 2019

Comment voyagera-t-on en l'an 2000?

Comment voyagera-t-on en l'an 2000?

Le Pearson's Magazine a ouvert une enquête: "Comment voyagera-t-on au début du siècle prochain?" et a publié les réponses des plus considérables personnages.

Sur terre.

Dans l'enquête ouverte par le Pearson's Magazine, les hauts dignitaires des chemins de fer anglais sir Daved Salomons, directeur de la compagnie des "South-Western and Chatham railways" et sir James Thompson, président du conseil d'administration du Caledonian, croient l'un et l'autre à la très prochaine substitution de l'électricité à la vapeur pour les courtes distances et aux services que pourront rendre les moteurs à pétrole sur les embranchements peu encombrés. Le directeur du South-Western, qui a écrit d'importants ouvrages sur l'électricité, n'ose pas se prononcer sur le point de savoir si ce mode de traction deviendra jamais assez économique pour être appliqué au transport des marchandises, mais il sera, dit-il, sûrement employé pour les trains de voyageurs qui pourront aller de l'une à l'autre extrémité de la Grande-Bretagne avec une vitesse de trois-cent vingt kilomètres à l'heure.

Dans les airs.

"Si le gouvernement britannique, dit sir Hiram Maxim, voulait dépenser le quart de la somme que les expériences sur les ballons dirigeables ont coûté à la France, je me chargerai, moyennant du prix de deux millions cinq cent mille francs, de mettre dans trois ans au plus tard l'Angleterre en possession d'une machine volante. Mais comme j'ai déjà sacrifié cinq cent mille francs sur ma fortune personnelle et que ma femme m'a fait jurer de ne pas dépenser un sou de plus pour cette invention, je ne ferai plus de nouvelles expériences à mes frais."
Si l'inventeur des aéroplanes paraît quelque peu découragé, en revanche, M. George Griffith croit fermement au triomphe prochain de la navigation aérienne. Pour donner une preuve de la confiance que lui inspire ce mode de locomotion, l'éminent romancier a fait le trajet de Londres au champ de bataille d'Azincourt à bord d'une machine volante dont il a donné une description minutieuse. Malheureusement, ce voyage et cet appareil n'ont jamais existé que dans l'imagination du Jules Verne de l'Angleterre.

Un "navire"ailé.

Ce n'est pas dans un roman que M.  Santos-Dumont* expose ses découvertes. L'infatigable inventeur emploie des procédés plus scientifiques. Le Pearson's Magazine nous apprend qu'il a lui-même dessiné les plans d'un croiseur aérien gigantesque.
Au dire du collaborateur du périodique anglais, ce navire qui doit voguer à travers l'atmosphère, au lieu de fendre les flots de la mer, sera mis en mouvement par trente machines à pétrole de cent chevaux agissant chacune sur un propulseur.
L'équipage sera de vingt hommes et la vitesse sera de cent-vingt kilomètres à l'heure.
Cette conception n'a rien de chimérique et bien que l'homme soit un bipède qui par ses instincts naturels éprouve de la répugnance à s'éloigner de l'écorce du globe terrestre, un jour viendra peut-être où les Parisiens du vingt et unième siècle prendront le paquebot aérien pour New-York ou Constantinople avec autant de facilité et sans manifester plus de crainte que leurs ancêtres en montant dans l'omnibus de la Villette ou de l'Odéon. Une génération qui a vu naître les rayons X, la télégraphie sans fil et le radium a le droit de rayer le mot "impossible" du vocabulaire de la science, sans oublier toutefois, que les grandes découvertes ont en général quelque chose d'imprévu comme une illumination soudaine et que les progrès depuis trop longtemps annoncés ne se réalisent pas toujours.

                                                                                                                       G. Labadie-Lagrave.

Mon dimanche, revue populaire illustrée, 22 avril 1906.

* Nota de Célestin Mira:

* Santos-Dumont:

Alberto Santos-Dumont
Premier vol : 12 novembre 1906.

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