Omnibus-annonces.
Depuis quelques temps les omnibus qui sillonnent Paris sont favorisés de réclames imprimées, coloriées, flamboyantes, mais qui déroutent les provinciaux.
Ils se demandent quel est le quartier de la ville qui s'appelle Godchau* et quel est celui qu'on intitule Bas-Varices. A l'heure qu'il est, les grandes maisons de Paris veulent faire de la réclame vivante; plus d'erreur, des hommes mannequins costumés en produits vantés se tiendront sur l'impériale derrière les réclames imprimées.
Godchau payera des vêtements aux pauvres bonshommes qui voudront passer des heures sur l'omnibus à crier: "Nous sommes habillés par Godchau! Est-ce good! Est-ce chaud!
Le Thé de la Caravane** offrira des costumes de chameaux aux oisifs célibataires qui voudront hurler sur l'impériale que ce thé de caravane est excellent, et qu'il faut s'en donner une bosse.
La Chemiserie spéciale*** donnera gratis des chemises à ceux qui n'en ont pas et qui voudront passer plusieurs jours, là-haut, dans le costume d'une beauté qu'on arrache au sommeil, en disant à tous: "Quel linge! V'là quinze jours que je l'ai sur le dos!" Le conducteur sera en chemise sur son marchepied pour que les trimballés de l'intérieur puissent juger (on lui fera une chemise à poches pour ses correspondances et son argent!)
Les Vidanges atmosphériques mettront quelques aimables vidangeurs à l'air. Ils porteront de grosses bottes, des lanternes mouchetées et des échantillons dans des petits tonneaux, et ils chanteront des chansons joyeuses sur un thème qui commencera par:
Faites comme chez vous!
Nous sommes les gentils vidangeurs!
etc., etc.
Et Paris sera gai, il aura toujours l'air d'être en carnaval!
Coquelin Cadet.
Mon Dimanche; revue populaire illustrée, 3 mai 1908.
* Nota de Célestin Mira:
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