Les mâles des animaux sont plus coquets que leurs "femmes".
Par un paradoxe surprenant, ce n'est pas le sexe féminin qui, dans l'échelle des êtres vivants, paraît être le plus brillamment paré. Ce sont les mâles qui sont beaux, élégants, ornés de mille couleurs. Dans un salon, l'habit noir ou la redingote des hommes fait triste figure à côté des robes claires des femmes.
Parmi les animaux, c'est le contraire qui est vrai. Les femelles passent inaperçues, les mâles seuls se font remarquer par leurs qualités extérieures. Prenez par exemple les êtres les plus élémentaires, certains vers de mer, assez pareils aux vers de terre. Les mâles y sont habituellement pourvus de soies, de tentacules, de panaches colorés, des teintes les plus vives et les plus variées, qui font ressembler quelques-uns d'entre eux à d'admirables fleurs.
De même parmi les poissons; on sait qu'au retour de la belle saison, beaucoup se parent des plus élégants ornements. Par exemple, une crête élégamment dessinée se dresse alors sur le dos des salamandres aquatiques. Mais les femelles restent toutes simples.
Le même phénomène est facile à constater sur d'autres espèces. Cette inégalité entre les deux sexes ne se limite pas, d'ailleurs, à ce que l'on pourrait appeler les parures temporaires des animaux. Il suffit de connaître et d'aimer les champs pour savoir qu'elle se manifeste d'une façon permanente, notamment chez les oiseaux.
"La nature, dit fort bien M. Edmond Perrier, a jeté à foison les plumes et les couleurs brillantes sur les coqs, les faisans, les paons, les oiseaux de paradis, les oiseaux-mouches et jusque sur les autruches: altières aigrettes, jabots étincelants, ondulant panache de plumes légères, superbes éventails se déployant à l'arrière du corps, rien n'a été mesuré, rien n'a été refusé aux mâles."
Voyez au contraire les femelles: elles gardent toute leur vie le modeste plumage, terne et gris, commun, au début, à l'un et l'autre sexe et tandis que chaque jour ajoute à la beauté du mâle, elles demeurent aussi inélégantes qu'elles sont nées.
Mon Dimanche, revue populaire illustrée, 26 avril 1908.
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