Signaux de mer.
Nouvelle télégraphie de M. Reynold-Chauvaney.
Comme complément à ce travail déjà si heureux, le volume que nous avons sous les yeux contient un système de signaux qui était déjà bien longtemps réclamé par les capitaines de navires de tout rang, et qui leur permit, avant d'entrer dans le port, de savoir à quelle hauteur la marée était parvenue; cette installation était vraiment nécessaire, pour éviter des travaux inutiles et toujours fatigants, voire des sinistres assez fréquents.
Nouvelle télégraphie de M. Reynold-Chauvaney.
Depuis longtemps, comme personne ne l'ignore, les signaux maritimes se communiquaient d'un bâtiment à l'autre au moyen de pavillons de différentes couleurs; cette institution, excellente pour les bâtiments de guerre qui tous sont pourvus des mêmes séries télégraphiques ou ordinaires, offrait de graves inconvénients pour les communications de bâtiments de guerre à bâtiments marchands, à cause de la difficulté pour ces derniers de faire la dépense qu'entraînaient l'acquisition de ces masses de pavillons.
Ce problème était cherché depuis bien longtemps sans succès; nous voyons qu'il vient d'être enfin résolu par M. le capitaine Reynold-Chauvaney, qui l'a fait approuver et accepter par S. E. le ministre de la Marine. Ce système, ou plutôt ce code de signaux, se composent de plusieurs milliers de mots et phrases nautiques à côté de chacun desquels se trouve un numéro.
Autrefois, c'est à dire hier encore, ces signaux ne se communiquaient qu'au moyen de dix pavillons et de quatre flammes de couleurs différentes; ici, ils sont par trois lignes incolores, c'est à dire que la forme seule à une signification; ces trois lignes se composent simplement d'un pavillon, ou morceau d'étoffe quadrangulaire, une flamme ou lambeau d'étoffe de forme étroite et allongée, un ballon ou objet opaque, tel que chapeau, panier, etc. Ces trois objets, soumis à dix combinaisons, représentent les dix chiffres, que l'on peut également combiner à l'infini.
Ce qu'il y a de remarquable surtout dans cette invention, c'est la simplicité qui résulte du petit nombre de signes employés, et ensuite l'économie notable dont la marine va profiter.
Ce n'était pas assez; il fallait encore trouver un moyen de rendre ce système utile aux communications de l'armée débarquée et des navires d'où viennent toute sa force: le problème a été encore très-heureusement résolu par M. Reynold. Remplaçant les expressions nautiques de son code de signaux pour leur donner des significations purement militaires, l'inventeur, au moyen d'un fusil dirigé à droite ou à gauche, surmonté d'un mouchoir ou d'un shako, remplace les dix chiffres correspondants à toutes les phrases possibles.
Comme complément à ce travail déjà si heureux, le volume que nous avons sous les yeux contient un système de signaux qui était déjà bien longtemps réclamé par les capitaines de navires de tout rang, et qui leur permit, avant d'entrer dans le port, de savoir à quelle hauteur la marée était parvenue; cette installation était vraiment nécessaire, pour éviter des travaux inutiles et toujours fatigants, voire des sinistres assez fréquents.
Ces signaux de marée se composent d'un mât élevé à terre de manière qu'il puisse être aperçu du large par le navire rentrant dans le port; ce mât est accompagné d'une vergue, et la position des feux unicolores, au-dessus, au dessous, aux extrémités de cette vergue, donne les différents nombres correspondants aux hauteurs de la marée.
Seulement, de même que nous avons loué sans réserve le système de signaux à la mer, et à terre pour les troupes débarquées, nous ne pouvons nous empêcher de faire une observation, dont l'avenir prouvera le mérite ou le démérite. Le point d'intersection de la vergue et du mât est indiqué, la nuit, par un feu de couleur; cette distinction nécessaire nous semble malheureuse, en ce sens que le volume des signaux maritimes n'est plus homogène, du moment qu'il est introduit des couleurs différentes; en second lieu, ces feux de couleurs ne peuvent se distinguer qu'à une assez faible distance, et les caboteurs n'étant pas pourvus des excellentes lunettes que possèdent maintenant tous les capitaines, ils courent risque quelquefois de prendre une hauteur de 4 m pour 5 m, celle de 6 m pour 7 m, etc. Sauf cet inconvénient, qui n'est est peut-être un que jusqu'à l'expérience, le volume du nouveau système de signaux nous semble remplir toutes les conditions cherchées depuis si longtemps: utilité, économie, promptitude, et nous félicitons M. Reynold de l'heureuse idée qu'il a mise à exécution et du rare bonheur qu'il a eu de rencontrer des juges décidés à faire appliquer son invention.
Cet ouvrage a, du reste, déjà eu les honneurs de la traduction en Angleterre, en Allemagne, etc.; ce fait seul prouverait en sa faveur si, par extraordinaire, il n'avait pas été apprécié en France à sa juste valeur. Avant de terminer, nous avons deux souhaits à former, et tout porte à croire que nous en verrons bientôt la réalisation.
Il faudrait, ou du moins il nous semble utile, que cet ouvrage fût rendu réglementaire pour les bâtiments de commerce (il ne l'est encore que pour la marine de l'Etat), et ensuite, que ce langage si simple, ces communications si nécessaires entre bâtiments et flottes de toutes nations, rendues si faciles avec ce nouveau procédé, fussent adoptées par toutes les nations maritimes du globe. Nous pouvons presque compter sur la coopération de l'Angleterre: car, dans les circonstances actuelles, il est indispensable que les rapports entre les amiraux et les généraux soient aussi prompts que la pensée qui les dicte. Du reste, nous savons que M. Reynold de Chauvancy a obtenu de S. E. le ministre de la marine une lettre d'introduction auprès de l'amirauté anglaise, et tout nous fait espérer que l'entente cordiale facilitera l'adoption de cette mesure, qui, outre son côté d'utilité pratique, a encore, à nos yeux, celui de l'humanité.
V. Paulin.
L'Illustration, journal universel, 30 décembre 1854.
Seulement, de même que nous avons loué sans réserve le système de signaux à la mer, et à terre pour les troupes débarquées, nous ne pouvons nous empêcher de faire une observation, dont l'avenir prouvera le mérite ou le démérite. Le point d'intersection de la vergue et du mât est indiqué, la nuit, par un feu de couleur; cette distinction nécessaire nous semble malheureuse, en ce sens que le volume des signaux maritimes n'est plus homogène, du moment qu'il est introduit des couleurs différentes; en second lieu, ces feux de couleurs ne peuvent se distinguer qu'à une assez faible distance, et les caboteurs n'étant pas pourvus des excellentes lunettes que possèdent maintenant tous les capitaines, ils courent risque quelquefois de prendre une hauteur de 4 m pour 5 m, celle de 6 m pour 7 m, etc. Sauf cet inconvénient, qui n'est est peut-être un que jusqu'à l'expérience, le volume du nouveau système de signaux nous semble remplir toutes les conditions cherchées depuis si longtemps: utilité, économie, promptitude, et nous félicitons M. Reynold de l'heureuse idée qu'il a mise à exécution et du rare bonheur qu'il a eu de rencontrer des juges décidés à faire appliquer son invention.
Cet ouvrage a, du reste, déjà eu les honneurs de la traduction en Angleterre, en Allemagne, etc.; ce fait seul prouverait en sa faveur si, par extraordinaire, il n'avait pas été apprécié en France à sa juste valeur. Avant de terminer, nous avons deux souhaits à former, et tout porte à croire que nous en verrons bientôt la réalisation.
Il faudrait, ou du moins il nous semble utile, que cet ouvrage fût rendu réglementaire pour les bâtiments de commerce (il ne l'est encore que pour la marine de l'Etat), et ensuite, que ce langage si simple, ces communications si nécessaires entre bâtiments et flottes de toutes nations, rendues si faciles avec ce nouveau procédé, fussent adoptées par toutes les nations maritimes du globe. Nous pouvons presque compter sur la coopération de l'Angleterre: car, dans les circonstances actuelles, il est indispensable que les rapports entre les amiraux et les généraux soient aussi prompts que la pensée qui les dicte. Du reste, nous savons que M. Reynold de Chauvancy a obtenu de S. E. le ministre de la marine une lettre d'introduction auprès de l'amirauté anglaise, et tout nous fait espérer que l'entente cordiale facilitera l'adoption de cette mesure, qui, outre son côté d'utilité pratique, a encore, à nos yeux, celui de l'humanité.
V. Paulin.
L'Illustration, journal universel, 30 décembre 1854.
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