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mercredi 18 mai 2016

Pourquoi les Herreros se sont révoltés.

Pourquoi les Herreros se sont révoltés.


Nous avons déjà exposé, dans notre précédent numéro, les graves événements dont le sud-ouest africain allemand est actuellement le théâtre. 





Les motifs de cette sanglante levée de boucliers des tribus Herreroes et cafres du Namaqualand sont très intéressants à connaître.
Il faut rendre cette justice aux Allemands que quand ils se sont trompés, ils n'hésitent pas à reconnaître les causes de leur erreur et à prendre les moyens pour n'y plus retomber à l'avenir. C'est ainsi que les grands journaux d'outre-Rhin avouent, sans ambages, que la révolte des Herreros dans la colonie allemande de l'Afrique Sud-Occidentale a été provoqué par les perfides et malhonnêtes agissements des commerçants allemands établis dans ces contrées.
Voici comment opèrent ces trafiquants. Ils livrent aux noirs les marchandises que ceux-ci convoitent sans s'inquiéter si leurs clients sont solvables. Il suffit qu'ils appartiennent à des Kraals ou tribus possédant des troupeaux. La concurrence entre les marchands et la puérilité des nègres amènent alors à ce résultat que ceux-ci arrivent peu à peu à être endettés bien au-delà de leur solvabilité, sans avoir songé un seul instant à la manière dont ils acquiteront leur dette.
Il arrive pourtant un moment où les trafiquants ont besoin d'argent. Ils vont alors trouver leurs débiteurs qui font la sourde-oreille.
Que faire? Les Allemands n'hésitent pas. Ils se rendent au Kraal voisin et saisissent autant de têtes de bétail qu'ils le jugent nécessaire pour l'acquittement de la dette; ou bien ils remettent la liste de leurs créances à la police qui se charge de faire les recouvrements. On juge si l'opération est conduite avec bienveillance, le policier allemand ayant la réputation d'avoir la main extrêmement lourde.
Ruinés, razziés à blanc, les malheureux Cafres deviennent vagabonds; ils quittent les agglomérations dans lesquelles le gouvernement avait eu tant de mal à les cantonner et, se rassemblent en bandes, se livrent au métier de coupeur de routes. Qu'un chef intelligent survienne, prenne de l'ascendant sur eux, et voilà une révolte qui débute, pour la répression de laquelle il faudra peut-être verser des flots de sang.





Il est aussi une autre cause de rébellion que signale la Frankfurter Zeitung, organe admirablement renseigné sur les questions de politique coloniale allemande. Il paraît que le gouverneur de la colonie du Sud-Ouest africain avait pris un arrêté prescrivant que les bestiaux des Cafres seraient tous vaccinés selon le procédé du docteur Koch.
Malgré cette vaccination, à cause d'elle affirment les indigènes, un grand nombre d'animaux périrent. Les Cafres, exaspérés, assaillirent le vétérinaire allemand Kaempny et le massacrèrent; puis, redoutant les représailles, ils prirent la brousse et dévastèrent les fermes allemandes, tuant les colons et incendiant leurs habitations.
Les journaux allemands sont unanimement d'avis que le châtiment doit être prompt et sévère; mais que, lorsque le calme sera rétabli à Windhoek et le long de la ligne de chemin de fer, il faudra user vis à vis des indigènes d'une politique de modération, qui efface le souvenir des conflits sanglants d'autrefois. Il faudra surtout que l'autorité surveille les agissements des trafiquants allemands, afin d'éviter le retour d'incidents dont ils sont, d'ailleurs, les premières victimes.

Le Petit Journal militaire, maritime, colonial, supplément paraissant toutes les semaines, 14 février 1904.

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