Le budget des colonies en 1904.
La loi de finances promulguée le 31 décembre dernier prévoit pour le budget colonial de 1904 une dépense de 109.292.699 francs. Si l'on considère qu'en 1885 ce budget colonial ne dépassait pas 35 millions de francs, on se rend compte de l'accroissement énorme des dépenses nécessitées depuis dix-huit ans par l'acquisition et l'organisation de nos territoires d'outre-mer.
Pour être juste, il faut défalquer de ces 110 millions une somme d'environ 8 millions affectée à l'administration pénitentiaire et qui ne sont pas, à proprement parler, une dépense coloniale.
On doit aussi tenir compte des contributions fournies par certaines colonies, telles que l'Indo-Chine, Madagascar et l'Afrique occidentale; ces contributions atteignent, pour l'exercice prochain, le chiffre de 17 millions de francs. Les charges réelles de la métropole sont donc, en réalité, réduite à la somme, encore respectable, de 86 millions de francs.
La loi de 1900 prévoit que les colonies devront subvenir seules à toutes les dépenses civiles et de gendarmerie et, de plus, qu'elles devront être progressivement appelées à rembourser à la métropole les dépenses militaires dont celle-ci, pour chaque possession, assume la charge.
L'Indo-Chine, et c'est le plus bel éloge que l'on puisse faire à l'administration de M. Doumer, a pu, depuis trois ans, verser à la métropole un contingent dépassant pour les trois exercices la somme de 35 millions de francs.
Madagascar ne paye encore que quelques milliers de francs; mais est-il besoin d'observer que la période de conquête est à peine terminée et que ce territoire de la grande île, vaste comme la France et la Belgique réunies, n'est pas encore complètement reconnu dans toutes ses parties?
La diminution des subventions de la métropole, d'une part; de l'autre, l'obligation de subvenir à certaines dépenses obligera les coloniaux à examiner sérieusement leurs budgets locaux et à supprimer de nombreuses dépenses inutiles ou exagérées.
A la Guadeloupe, par exemple, on trouve inscrit au budget un crédit de 1.000 francs pour l'entretien des pendules du secrétariat général. Cette dépense était tout du moins susceptible d'une réduction notable. Dans la même colonie, l'entretien d'un gendarme à cheval était cotée 3.520 francs, plus que la solde d'un capitaine dans la métropole.
Il faut espérer que la stricte application de la loi de 1900 préviendra le retour de semblables gaspillages.
Le Petit Journal, militaire, maritime, colonial, supplément illustré paraissant toutes les semaines, 17 janvier 1904.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire