Ce que les chinois pensent de nous.
Les Chinois possèdent d'excellentes cartes et des descriptions minutieuses et fidèles de leur vaste pays. Mais, selon le voyageur russe Skattschkoff (1), leur ignorance de la géographie du reste de l'univers est à peine croyable.
Ils sont persuadés aujourd'hui comme il y a trois ou quatre mille ans, que la Chine est vraiment au milieu de la terre, et que tous les pays d'Asie, d'Europe ou d'Amérique, sont les vassaux de leur empereur.
Les hommes, mêmes les plus lettrés, soutiennent gravement que les Européens aiment peu l'instruction, qu'ils lisent rarement, qu'il est d'usage de crever les yeux à tout chrétien mort. Il pousse du froment en Europe, mais il est noir. Aux mariages, on n'admet que les domestiques. Les femmes ont les pieds grands et sont effrontées. Les maisons sont des tours à plusieurs étages. Les Européens n'aiment pas à marcher: ils se font rouler dans de lourds équipages; ils n'aiment pas à payer leurs dettes. La Russie serait depuis longtemps noyée par un fleuve immense de Corée si, dans ce dernier pays, on en contenait les eaux par de fortes écluses.
Nous devons ajouter que l'un de nos savants sinologues, M. G. Pauthier, reproche à ces assertions de M. Skattschkoff d'être exagérées. Il cite un ouvrage chinois en cent livres qui est une Géographie historique de tous les états du monde excepté la Chine, par Wei-youen. On peut croire, de plus, que les Chinois qui émigrent jusqu'en Californie doivent, à leur retour, communiquer des notions moins fausses à leurs concitoyens; mais il faudra du temps pour détruire l'ignorance et les préjugés de plus de deux cents millions d'hommes.
(1) Mémoire lu à la Société impériale géographique de saint-Pétersbourg, le 4 mars 1866.
Le Magasin pittoresque, août 1870.
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