Les victimes des batailles.
Dans la campagne de Crimée, quatre-vingt-quinze mille six cent quinze Français sont morts, soit sous le feu de l'ennemi, soit dans les ambulances ou hôpitaux. Que de deuils! Les avantages ont-ils compensé tant de sacrifices? Oh! horrible mal que la guerre, et combien l'on devrait réfléchir avant d'en affirmer la nécessité! La Russie est-elle moins puissante aujourd'hui qu'avant la ruine de Sébastopol? Nous entendons bien des doutes à cet égard. Il se forme une opinion de plus en plus considérable qui voudrait qu'on se bornât à des guerres défensives.
Sous le premier empire, on a brûlé, dit-on, en Russie, après notre retraite, 242.612 français.
En 1813, soixante mille morts sont restés sur le champ de bataille de Leipzig.
En opposition à ces nombres effrayants, on cite des batailles qui ont été vraiment aussi peu meurtrières que possible.
Dans la guerre où les Etats-Unis ont fait la conquête de la Californie, on n'a compté que deux hommes tués et deux blessés.
Si l'on remonte les siècles, on trouve que dans la bataille de Brémule (20 avril 1119) les Français n'eurent que trois hommes tués sur neuf cents combattants. A la bataille de Castracaro, merveille! personne ne périt. Il est vrai de dire que ces dernières batailles n'étaient qu'en réalité que des actions de parade, où les chefs des armées, les condottieri, plus jaloux d'argent que de gloire, et s'intéressant fort peu aux triomphes des princes qui les payaient, "s'épargnaient" mutuellement, autant pour la fraternité d'armes qu'ils reconnaissaient entre eux, que par la crainte de Dieu."
Le Magasin pittoresque, août 1870.
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