Cheminée de Quineville
près de Valognes (Manche)
près de Valognes (Manche)
Ce monument est situé à deux lieues de Valognes, dans le département de la Manche. Les habitans lui ont donné le nom de Cheminée de Quineville ou de Normandie, parce qu'il est creux à l'intérieur, sans aucune trace de plancher ni de séparation. Son ouverture, placée au nord-est, a eu beaucoup à souffrir, et des dégradations nombreuses l'ont considérablement agrandie. On remarque à l'extérieur des restes de moulures qui semblerait indiquer qu'il y avait autrefois un escalier conduisant à la tour.
Sa base a 17 pieds de hauteur jusqu'au soubassement de la colonne, et est construite en pierres calcaires et en grès du pays, dans le genre que les Romains appelaient opus reticulatum. L'intérieur, circulaire, s'arrondit en voûte ouverte dans son milieu. Sa circonférence est de 31 pieds près du sol; mais elle va en diminuant par degrés, et finit par n'en avoir plus que 23 au soubassement, qui supporte encore une colonne bien conservée.
Elle est ornée de sept pilastres d'ordre corinthien et toscan, avec un entablement de ce dernier ordre; il est surmonté d'un dôme orné de dix-huit colonnettes, et couvert par un toit en forme de cône tronqué; le tout ayant 37 à 38 pieds de hauteur.
Ce monument est entièrement de construction romaine, et la manière légère et élégante dont il se termine en rend l'aspect agréable. On a d'abord pensé que c'était un phare; mais la mer était autrefois fort éloignée de ces parages, et ce n'est que récemment qu'elle a empiété sur le terrain; d'ailleurs il ne se voit nullement en pleine mer. Quelques antiquaires ont prétendu que c'était un de ces monumens nommés récluseries, comme on en voit beaucoup en Italie, et telle qu'était avant la révolution la tour de notre Dame-du-Bois, et celle de l'abbaye des dames de Fontevrault; des individus s'y enfermaient pour expier leurs péchés, et n'en sortaient quelquefois jamais.
Mais l'opinion la plus probable est qu'il a été construit par les Romains lors de l'expédition de Q. Titurius Sabinus, un des lieutenans de Jules césar, et qu'après leurs victoires contre les peuples ligués de l'Armorique, ils l'élevèrent comme monument funéraire et comme trophée de leur victoire.
Le Magasin pittoresque, 1833, livraison 27.
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