Le travail des enfants des pauvres à la campagne.
Si les enfants, à la ville, sont une charge pour les pauvres ouvriers, il n'en est pas de même dans les communes rurales.
C'est là que véritablement les nombreuses familles sont bénies du ciel.
A la campagne, les enfants devenus grands, seront pour leur père une richesse; dès un âge tendre, ils allègent les dépenses qu'il fait pour eux et les rendent presque insensibles. Une nourriture qui, à la ville, serait ou trop peu abondante ou trop grossière, leur suffit; car l'homme ne se nourrit pas seulement d'aliments, il se nourrit d'air, et l'air pur et fortifiant qu'ils respirent compense ce qui peut manquer en qualité et en quantité à leurs aliments.
Et puis, que de ressources ils procurent au ménage! Voyez ce que fait chacun d'eux: l'un va sur les chemins suivre les traces des bestiaux et rapporte l'engrais qui doit rendre le jardin plus productif; un autre conduit la vache ou la chèvre par une corde le long du chemin, où elle broute l'herbe rare et succulente de la berge; un autre, dès l'âge de neuf ans, va garder les bestiaux d'un voisin chez qui il gagne, pendant toute la belle saison, outre la nourriture, cinq ou six francs par mois, et, en outre, si l'on est content de lui, une paire de bons souliers, une belle blouse neuve. Ou bien, faisant fièrement claquer son fouet, il accompagne les bœufs à la charrue et mène boire les chevaux. C'est cet autre qui a répandu tout le fumier dans les champs de la ferme voisine; il aide à sarcler les blés, les avoines, les pommes de terre, et arrache les mauvaises herbes tantôt avec ses petites mains, tantôt à l'aide d'un sarcloir.
En été, il s'arme d'un râteau aussi grand que lui et va aider les faneuses; en vendange, il a, comme tout le monde, une bonne nourriture, du raisin à discrétion, et une pièce de cinquante centimes par jour. On l'emmène à la forêt à l'époque des coupes affouagères; il casse les branchages, et ramasse les menus bois dont ses parents font des fagots; un peu plus grand, il grimpe sur les peupliers, et là, balancé par les vents dans la nue, il coupera intrépidement les branches.
C'est merveille, dans un village, que de voir tous ces enfants se disperser à l'ouvrage comme des abeilles; dans un beau jour, vous n'en trouverez pas un seul au logis. Et aucun de ces travaux ne les fatigue ni ne les surcharge, parce que tous sont proportionnés à leur âge et à leur force; plus ils grandissent, plus l'aisance de la famille s'accroît.
T. H. B.
La semaine des enfants, 11 juin 1864.
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