La foire Saint-Germain à Paris.
Un des principaux lieux de réunion des Parisiens au siècle dernier, pendant les mois de février et de mars, c'était la foire Saint-Germain, qui commençait le lendemain de la Chandeleur et finissait dans la première semaine d'Avril.
Elle se tenait tout près de la rue de Seine, à la place où l'on a construit depuis un marché qui porte le même nom, et dans deux halles longues de cent trente pas, large de cent et divisées régulièrement en neuf rues.
Dans ce vaste bazar, où l'on pénétrait par sept portes principales, chaque profession avait son quartier séparé. Pendant deux mois, on s'y rendait en foule. Le peuple y allait le jour, la noblesse la nuit, toujours masquée et déguisée, dans des carrosses sans armoiries, sans cortège et seulement avec des grisons, c'est à dire avec des cochers et des laquais uniformément vêtus de gris et le visage couvert.
Là, à la clarté des flambeaux, des torches et des feux partout allumés, on se promenait dans les plus belles rues, dans celles des orfèvres, des merciers; on achetait des bijoux, des pierreries, des dentelles, de riches étoffes, des parfums, des tableaux, des meubles magnifiques, de grands miroirs (c'était alors un des objets rares); l'on s'écartait dans des allées sombres qui conduisaient à des maisons de jeu, et l'on profitait d'un impénétrable incognito pour se livrer à la plus ruineuse des passions.
Il y avait aussi un théâtre, où l'on jouait des pièces mêlées de couplets, et c'est là que l'opéra comique a pris naissance.
Frédéric Bernard.
La semaine des enfants, 16 avril 1864.
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