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mercredi 3 septembre 2014

L'aga des fêtes noires.

L'aga des fêtes noires.

Il y a moins de deux siècles, les fonctions de bourreau étaient si lucratives et si honorées en Turquie, que celui qui les exerçait avec habileté parvenait non-seulement au comble de la fortune et de la gloire, mais encore acquérait pour lui-même une sorte d'impunité; témoin ce passage de l'historien Raschid, l'un des rédacteurs des Annales de l'empire ottoman.
L'an de l'hégire 1107 (1696 de Jésus-Christ), Sultan Mustapha II ordonna l'emprisonnement du capidgi-bachi Kara-Baïram-Aga (littéralement l'aga des fêtes noires ou funestes, l'aga porte-malheurs, sobriquet qu'on lui avait donné), généralement détesté parce que, chargé de couper les têtes des pachas disgraciés, il avait amassé dans ses nombreuses missions de nombreuses richesses. Tous ses effets rares et précieux furent confisqués; mais il obtint enfin sa réhabilitation, en considération de son adresse parfaite dans un genre de service dont on avait besoin.
Les pachas, vizirs et autres officiers de la Porte jouissent maintenant d'attributions moins étendues dans leur département; ce ne sont plus des petits despotes, avec lequel le Divan était forcé de compter quelquefois; en revanche, quand ils ont perdu la faveur du maître, ce n'est plus le cordon ni même l'exil qu'ils ont à craindre. On les destitue comme de simples fonctionnaires, et il leur reste encore l'espoir d'être appelés de nouveau, s'ils s'en rendent dignes, à faire partie du gouvernement.

Magasin Pittoresque, 1851.

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