Le château de Tiffauges,
tour de la Barbe-Bleue.
tour de la Barbe-Bleue.
De toutes les ruines féodales qui couronnent encore la cime des coteaux de la Vendée, une des plus remarquable est certainement celui dont la masse imposante domine le bourg et la vallée de Tiffauges.
Rien n'est pittoresque comme les débris du vieux donjon, de la porte principale, et de l'ogive encore debout de sa chapelle du douzième siècle.
Cette seigneurie, qui appartenait au vicomte de Thouars, passa entre les mains du trop fameux Gilles de Retz, par son mariage avec Marguerite de Thouars. D'après les traditions, c'est dans la tour dont nous donnons le dessin que se passèrent les drames lugubres pendant lesquels le Florentin Prélati lui montrait, dit-on, le diable sous une forme humaine.
Le Bocain (1) que la nuit a surpris ne passe qu'en tremblant auprès de la sombre poterne qui donne issue dans les fossés du château. Plus d'une fois, il affirme avoir entendu les plaintes et les cris sinistres sortant des profondeurs de la tour de granit.
Cette crainte superstitieuse a pris sa source dans la découverte qui fut faite, il y a plusieurs années, d'un grand nombre d'ossements d'enfants que ce monstre immolait à ses fureurs, ou qu'il faisait mourir de faim dans une salle souterraine placée dans les fondations de la tour.
Cette salle, qui existe encore, n'a d'ouverture qu'un étroit soupirail placé au milieu du pavé de l'appartement supérieur. Un bel escalier de granit, en spirale, conduit aux pièces voûtées dans le style du quinzième siècle, que surmonte un des plus beaux chemins de ronde qui se puisse voir.
Les machicoulis d'une salle prodigieuse, taillés dans des blocs de granit d'une grande dimension, donnent à l'ensemble de cette belle tour un aspect de force et de durée que j'ai rarement rencontré ailleurs. Les murs d'enceinte sont en partie ruinés; à travers leurs fentes et le lierre que le vent balance à leurs cimes, on aperçoit sous ses pieds les longues cheminées des belles manufactures de papier qui donnent à Tiffauges une importance que ce bourg était loin d'avoir il y a quelques années.
O. de Rochebrune.
(1) Paysan du bocage.
L'Illustration, journal universel, 16 décembre 1854.
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