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mercredi 16 avril 2014

Nouvelles de nos colonies.

Le Tonkin.

A Hong-Hoa, que j'ai visité, écrit un jeune soldat de notre armée, on jouit d'un grand calme, d'un trop grand calme, disent quelques-uns, grâce aux remparts massifs, à la Vauban, qui entourent la ville et à sa nombreuse garnison. Mais la région, soit la rivière Noire, soit la rivière Rouge, ne laisse pas d'être assez troublée, tandis que là-haut, sur la frontière de Chine, règne la sécurité la plus absolue: il est vrai que là le pays est désert et peu tentant pour les pirates.
Autour de la ville, le paysage est fastidieux: le fleuve, des rizières, des bouquets de bambous et la plaine plate (au moins d'un côté) à perte du vue. Les chasseurs y trouvent des ressources; mais ils ne peuvent pas s'aventurer bien loin. Sans parler des tigres qui peuplent la brousse ni des éléphants, qu'on rencontre en troupeau de plusieurs centaines à quelques 50 ou 60 kilomètres au dessus de Hong-Hoa, les oies, canards, perdrix, cailles, sarcelles, poules de bruyère, etc., ne manquent pas. L'hôpital est le seul bâtiment en pierre qu'ait construit le génie; il est entouré d'un assez grand jardin planté de bananiers, de papayers, de cycas, de rosiers, de bambous, de letchis, de goyaviers et de l'éternel ibiscus.
A défaut de rossignols, le pays est peuplé de corbeaux d'un sans-gène et d'une familiarité excessifs. Avec les rats, les cancrelats, les moustiques, les margouillats, les scolopendres, ils font partie de l'association qu'ont formé entre eux tous les animaux nuisibles pour tourmenter l'homme au Tonkin.

Journal des Voyages, Dimanche 19 mai 1889.

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