Le docteur Jean Charcot.
Le docteur Charcot est médecin, homme de lettres et explorateur. Voilà un homme occupé. C'est le défaut de notre époque qu'il faut frapper à toutes les portes pour trouver son pain. Il a suffi d'un métier au père de M. Jean Charcot pour devenir célèbre; son fils en a trois et il serait encore peu connu, sans ses démêlés conjugaux. Le nom est pourtant le même: il n'y a que la manière de le porter qui diffère.
Reçu docteur à vingt-huit ans, avec une thèse sur l'atrophie progressive qui devint un prix de la Faculté, M. Jean Charcot devint aussitôt chef de clinique des maladies du système nerveux à la Faculté de médecine. Vers la même époque (1896) il épousait Mlle Jeanne Hugo, petite-fille du poète.
Il a commencé ses voyages en faisant, sur les bâtiments de l'Etat, des conférences contre l'alcoolisme. En 1900, une fonction honorable mais éphémère lui fut confiée: celle de médecin de l'Exposition universelle. L'état de cette pauvre exposition devait être bien grave, car, malgré les soins de M. Charcot, qui furent certainement empressés et éclairés, elle succomba dans le plus pitoyable marasme.
La perte de cette cliente considérable affecta fort M. Charcot et deux ans plus tard, il se décidait à quitter Paris pour aller s'installer, tout au moins momentanément dans la banlieue du Pôle Sud. Le but officiel de ce voyage, était de rechercher et de secourir l'expédition Nordenskjold, mais on a déjà deviné que M. Charcot, trouvant que la profession de médecin devenait de plus en plus encombrée, partait dans l'espoir de découvrir un peuple où il pût exercer son art sans craindre de concurrents.
Il n'emmena pas madame Charcot, mais il prit avec lui de nombreux collaborateurs dont une partie le quittèrent au Brésil. On ne connait pas de façon certaine le motif de cette séparation: il faut probablement l'attribuer à une incompatibilité d'humeur. La mission poursuivit sa route, pénétra dans les mers antarctiques, et, comme il est d'usage, découvrit des terres là où les précédents explorateurs avaient vu de la glace et de la glace là où ils avaient vu des terres. De mieux renseignés que moi parleront des services que cette exploration a rendus à la science: mais elle n'a pas été sans rapporter aussi quelques avantages particuliers, tels que les suivants: au Gouvernement Argentin, qui acheta le navire de l'expédition, un fameux bateau; à un journal du matin, qui avait équipé ce bateau et qui a trouvé à le revendre, une bonne réclame pas chère; à M. Charcot, le croix de la Légion d'honneur.
Jean-Louis.
Mon Dimanche, revue populaire illustrée, 22 juillet 1906.
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