Comment les Zoulous font la petite guerre.
La petite guerre chez ce peuple est un spectacle assez imposant. Les guerriers nègres sont de beaux hommes musculeux, athlétiques, très actifs et bien entraînés. Le simple soldat n'ayant ni vêtement ni ornements n'est gêné en rien dans ses mouvements.
Les chefs portent des couronnes de plumes d'autruche, qui s'agitent au moindre geste, une bande de peau de tigre leur cercle le front d'où s'échappent des franges de cheveux; du cou et des épaules aux genoux pendent des queues de singes et de tigres; une ceinture de cuir entrelacée de crinières de lions et de poils de bœufs entoure la taille.
Rangés en bataille, leurs boucliers variés sont si rapprochés les uns des autres et présentent une ligne si régulière qu'on les dirait attachés ensemble, et par-dessus le tout brillent les pointes de sagaies. Dans leurs évolutions contre un ennemi imaginaire, les Zoulous s'excitent tellement qu'ils se tuent souvent entre eux.
Au commandement de leurs chefs ils s'avancent d'abord lentement, puis accélèrent la marche et enfin s'élancent dans une course furieuse: poussant des cris de "Chiela"! (en avant), ils chargent leurs adversaires et la bataille devient meurtrière.
Brandissant leurs sagaies, ils donnent des coups de pointe, de parade et de quarte et de temps à autre plongent leurs armes à terre comme s'ils l'enfonçaient dans la poitrine d'un ennemi en poussant un cri rauque de satisfaction. Ils trépignent, gesticulent, grincent des dents, entrent en démence; leur visage prend d'effroyables expressions et leurs yeux s'injectent de sang.
Du sang! du sang! Ils en paraissent ivres. Sous le plus futile prétexte et même sans aucun prétexte, ils s'égorgeraient entre eux. Enfin, on donne l'ordre de cesser ce simulacre de combat, et victorieux ou non, ils se retirent en chantant du champ de bataille. Alors surgit une horde de créatures noires. Ce sont leurs femmes. Elles sautent, courent en tous sens comme des diablesses en délire, frappant la terre de leurs massues, en rage de n'avoir que la terre à frapper. Ces furies simulent ainsi l'atroce coutume d'achever les blessés. La nuit qui suit se passe dans une fête bruyante, libations et ripailles, orgie sans nom.
Mon Dimanche, revue populaire illustrée, 8 novembre 1903.
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