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mardi 8 août 2017

Le jeu de la quitaine.

Le jeu de la quitaine.

Parmi les anciens usages disparus avec les circonstances qui les avaient fait naître, il faut mettre celui de l'exercice de la quitaine, qui était autrefois ce qu'est aujourd'hui le tir à la carabine ou au pistolet.
A l'époque où la lance formait l'arme principale des combats et des tournois, les chevaliers avaient trouvé un moyen assez ingénieux de s'exercer au maniement de cette arme. Ils dressaient sur un pivot un mannequin représentant un musulman; ce mannequin était mobile; lorsqu'on le frappait au milieu de la poitrine, il demeurait fixe; lorsqu'au contraire on le touchait dans un autre endroit, il se détournait et appliquait sur la tête du maladroit un grand coup d'un bâton qu'il tenait à la main.
Les chevaliers, montés sur leurs chevaux, lui couraient sus comme à un ennemi, prenant bien garde de ne pas manquer la poitrine, afin d'éviter le coup de bâton et les rires des assistants. Dans leurs jours de belle humeur, ils faisaient battre leurs serfs contre ce singulier ennemi qui faisait pleuvoir une grêle de coup sur ces adversaires armés d'un simple bâton.
L'exercice de la quitaine est passée de mode, aussi bien que celui du tir à l'arbalète, qui était si renommé il y a quelques siècles, et qui procurait de si grands avantages à celui qui se montrait le plus adroit. Il n'en est resté qu'une expression proverbiale, car frapper sur la tête de Turc est une locution évidemment engendrée par le jeu de la quitaine.

                                                                                                             J. P. Sauveterre.

Le Musée universel, revue illustrée hebdomadaire, premier semestre 1874.

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