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dimanche 20 août 2017

Le bien-être chez soi: le cotillon.

Le bien-être chez soi: le cotillon.

Le carnaval agite ses grelots. On danse partout un peu. Le cotillon est le joyeux final de tout bal. Il se compose d'une série sans limite de petits jeux qui se terminent chaque fois par un ou quelques tours de valses ou de polka. Chères lectrices qui donnez des soirées dansantes, faites danser le cotillon!

Les deux cotillons.

Il y a deux sortes de cotillons ou, plus exactement, deux sortes de figures: celles qui exigent des accessoires et celles qui s'en passent. Ces dernières peuvent s'improviser et se multiplier à l'infini selon l'esprit fantaisiste du conducteur et n'occasionnent aucun frais aux maîtres de la maison. Les autres sont plus décoratives, donnent à la salle un aspect brillant et sont un charme pour les yeux autant qu'un amusement d'imagination.

Le rôle du conducteur.

Il est capital dans cette partie de la soirée: c'est celui d'un général d'armée qui commande au bataillon de soldats inconnus et souvent inexpérimentés. Il faut donc qu'il ait dressé d'avance et inscrit par ordre sur le tambourin qui lui sert d'insigne les évolutions qu'il veut commander. Rien n'est plus difficile  que de bien conduire un cotillon. Cet emploi nécessite un ensemble des dons du corps, de l'esprit, et une sorte d'inspiration, qu'il est rare de trouver réunis chez un seul individu. Il faut avoir une imagination fertile pour varier, combiner l'effet des accessoires et des mouvements; un tact infini pour rendre à chaque vanité ce qui lui est dû sans blesser celle du voisin; une bouche toujours souriante et libérale en compliments pour accompagner les bibelots qu'on doit offrir aux danseuses; une mémoire prompte et fidèle qui saisisse et retienne le nom, l'importance et le tour de danser de chaque cotillonneur; un désintéressement absolu et qui touche à la grandeur d'âme, avec l'éternelle appréhension de laisser, malgré tous ses efforts, des danseurs ennuyés ou mécontents.

Figures à accessoires.

Ces figures ont pour principe de distribuer au hasard des bibelots assortis par paires: chaque danseur n'a plus qu'à retrouver la danseuse ayant reçu un objet semblable au sien. Plus on distribue de cocardes, de bouquets, de colliers, d'écharpes, d'éventails, de têtes d'animaux, d'oiseaux, etc., plus le bal est gai et brillant. Il y a des cotillons dont les accessoires, véritables bijoux ou œuvres d'art, coûtent plus de vingt ou trente mille francs. Ce sont des fantaisies que peu de gens ont la fortune de se permettre et la tendance actuelle est plutôt de réagir contre le luxe excessif de ces dernières années.
Plusieurs de ces figures sont très simples et les accessoires peuvent en être confectionnés à peu de frais par les filles de la maison.

Les cocardes.

C'est une figure qui se danse dans les premières. On fait autant de couples de cocardes différentes qu'il y a de couples de danseurs. Le conducteur les pique sur un coussin et les offre à la file à chaque personne. Chaque danseur se met à la recherche de la danseuse qui a la même cocarde que la sienne et danse avec elle. Toutes sortes de variations peuvent être apportées à cette figure: bonnets de papiers assortis, etc.

Les têtes d'animaux.

Le conducteur distribue à chaque dame une tête grotesque en papier, tête d'ours, d'âne, de singe, de loup, bonnet de nourrice, etc. Elle en coiffe le cavalier de son choix et danse avec lui. Cette figure est de celles qui égayent le mieux l'aspect d'un bal.

Les tickets.

On fabrique deux par deux des billets de chemin de fer ou de tramway qui portent des noms de stations et on les distribue: chaque danseur cherche la danseuse qui porte sur sa carte la même destination et danse avec elle.

Les Ailes.

Un cavalier et une dame dansent ensemble. Aux épaules de la dame sont adaptées des ailes de gaze très légère. Deux cavaliers porteurs de grands ciseaux essaient de les couper en tournant autour du couple. Celui qui réussit danse avec la dame.

Les écharpes.

Une écharpe de gaze est distribuée à chaque cavalier. Le conducteur se place vis-à-vis de sa dame au milieu du salon, lui tend un bout de l'écharpe, tient l'autre, tous deux les bras levés. Un deuxième couple passe sous le dais ainsi formé, en valsant, et vient se ranger à côté du premier en imitant son attitude, puis un troisième, un quatrième, etc. Les écharpes forment ainsi une voûte multicolore, le conducteur, passe dessous en valsant avec sa dame et s'arrête à la sortie du tunnel.

Voyons maintenant les amusantes figures que l'on peut faire sans accessoires:

Les dos-à-dos.

Le cavalier conducteur place cinq messieurs en ligne au milieu du salon. La conductrice amène autant de danseuses derrière eux, dos à dos. Au signal donné, chacun se retourne et danse avec son vis-à-vis. Danse générale.

Les impairs.

Même figure que les "dos-à-dos", mais avec un cavalier de plus: c'est à qui ne restera pas sans dame.

Le coussin.

Une dame est assise au milieu de la salle, un coussin à ses pieds. On lui amène un danseur qui essaye de s'agenouiller sur le coussin; s'il ne lui plait pas, elle retire du pied le coussin et le danseur est contraint de s'agenouiller à terre. S'il lui plait, elle le laisse, au contraire, poser un genou dessus et danse avec lui. On peut ainsi refuser cinq, six cavaliers de suite, mais il est de bon ton de ne pas trop faire attendre son choix.

Le miroir.

La dame tient un miroir. Des cavaliers viennent un à un y refléter leur figure qu'elle efface à coup de mouchoir jusqu'à l'arrivée de celui qui lui plaît.

L'éventail.

Deux messieurs viennent s'asseoir à côté de la dame. Elle tend l'éventail à celui qu'elle aime le moins et danse avec l'autre, tandis que le premier suit en les éventant. (Cette figure se répète avec variantes: verre de champagne que boit le cavalier dédaigné, etc.)

Le rond interrompu.

Une dame, au milieu, tient un bonnet. Tous les cavaliers tournent en rond autour d'elle, de dos. Elle coiffe au deviné, celui qu'elle préfère, et danse avec lui au milieu du rond. Même figure, un cavalier au centre, les dames autour.

Les fleurs.

Le conducteur demande à plusieurs cavaliers des noms de fleurs. Puis il les dit à autant de dame et chacune danse avec celui dont elle a choisi la fleur dans le savoir. (Se répète avec des noms d'animaux, de pierres précieuses, de fruits, etc.)

La prison.

Les cavaliers se retirent dans une pièce dont la porte ou la draperie est entre-bâillée. Les dames passent leur main par l'ouverture et, la porte ouverte, chacune danse avec celui qui tient sa main.

Le mauvais numéro.

On met cinq numéros (de 1 à 5) dans un sac pour les dames et six (1 à 6) dans un autre sac pour les messieurs. Le conducteur fait tirer au hasard cinq dames, la conductrice, six messieurs.
On fait l'appel, chacun s'apparente suivant son numéro et le porteur du n° 6 reste seul au milieu du salon à regarder danser les cinq couples.

Le colin maillard.

Tous les couples forment un rond au centre duquel on place un cavalier les yeux bandés. Le rond tourne sur la gauche et l'aveugle cherche à saisir une dame du rond. S'il se trompe deux fois de suite, il reste seul au centre du salon, tandis que tous les couples font un tour de valse. Mais s'il réussit, il danse avec la dame attrapée et c'est le tour d'un autre cavalier d'avoir les yeux bandés au centre du rond.

Mon dimanche, revue populaire illustrée, 18 mars 1905.

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