La ressemblance entre époux.
On dit souvent que deux époux qui ont passé la plus grande partie de leur vie ensemble finissent par se ressembler. Un professeur de l'Université de Genève, M. Hermann Fol, a soumis cette observation à un examen approfondi et publie aujourd'hui le résultat de ses recherches.
L'idée de soumettre à une analyse scientifique la ressemblance des époux lui est venue à Nice.
"Chaque jour, écrit M. Fol, je voyais passer en voiture découverte plusieurs de ces jeunes couples sous ma fenêtre: leur ressemblance me frappa. Je fus d'abord tenté d'en conclure qu'on se mariait trop entre cousins; mais bientôt je dus me convaincre que cette explication ne pouvait suffire, cette ressemblance est habituelle.
"Pour savoir si vraiment la vie conjugale produit une convergence dans le physique et les traits des époux, je me proposai de comparer le plus grand nombre possible de couples jeunes et de couples âgés, pour voir si la ressemblance est plus fréquente et plus accentuée chez ces derniers que chez les premiers.
"J'ai pensé que le meilleur moyen serait d'examiner et de classer à ce point de vue de grandes collections de photographies.
"Les lots de photographies ont été autant que possible examinés deux fois sans suivre le même ordre, et quand les chiffres obtenus n'ont pas été identiques, j'ai pris la moyenne.
"C'est par cette méthode que j'ai obtenu les chiffres suivants:
Couples jeunes:
Ressemblance très grande: 34, soit 27,27 %
Ressemblance moyenne: 78, soit 29,39 %
Ressemblance minime, 66, soit 33,33 %
Total: 198.
Couples âgés:
Ressemblance très grande, 13, soit 25,52 %
Ressemblance moyenne, 25, soit 47,17 %
Ressemblance minime, 15, soit, 28,38 %
Total: 53.
" On objectera peut être que, faites dans un milieu spécial, ces résultats ne peuvent donner qu'un résultat applicable à ce milieu-là et qu'il n'est pas permis de généraliser.
" Je souscris entièrement à cette objection. Je suis persuadé qu'on trouvera encore des chiffres différents; mais si le rapport entre le nombre de ressemblances chez les jeunes et les vieux ménages restait approximativement le même, je considérerais ce résultat comme une confirmation du mien.
" Mes chiffres se rapportent principalement aux populations des campagnes ou des montagnes des contrées voisines de Genève photographiés entre 1879 et 1889.
" Si la statistique avait porté surtout chez les citadins et les classes supérieures, je suis persuadé que le nombre de ressemblances observées au moment du mariage aurait été beaucoup plus faible.
" J'aurais aimé pouvoir éliminer de ma statistique tous les cas de mariage entre cousins; les données que je possédais ne m'ont pas permis de le faire. Cependant les mariages de cette catégorie n'atteignent nulle part en Suisse le 10 pour cent du chiffre total.
" J'ai eu des renseignements sur quelques cas de ressemblance particulièrement frappante entre jeunes époux, et ce n'étaient pas des cousins.
" De tous ces faits, je conclus:
" 1°- Que les couples s'unissent suivant la règle des conformités et non pas suivant celle des contrastes.
" En d'autres termes, dans l'immense majorité des mariages où l'inclinaison joue un rôle, les conjoints se recherchent et se plaisent en raison des traits qu'ils ont en commun et non pas en raison de leurs dissemblances.
" 2°- Que la ressemblance entre époux âgés n'est pas un fait acquis par suite de la vie conjugale, puisque cette ressemblance existe au moment du mariage à peu près dans les mêmes proportions que dans les vieux ménages."
Maintenant, chère lectrice, examinez bien les traits de votre mari et dites-nous si vous vous êtes unis selon la règle des conformités ou suivant celle des contrastes?
M. Reader.
Mon Dimanche, revue populaire illustrée, 2 avril 1905.
" Je souscris entièrement à cette objection. Je suis persuadé qu'on trouvera encore des chiffres différents; mais si le rapport entre le nombre de ressemblances chez les jeunes et les vieux ménages restait approximativement le même, je considérerais ce résultat comme une confirmation du mien.
" Mes chiffres se rapportent principalement aux populations des campagnes ou des montagnes des contrées voisines de Genève photographiés entre 1879 et 1889.
" Si la statistique avait porté surtout chez les citadins et les classes supérieures, je suis persuadé que le nombre de ressemblances observées au moment du mariage aurait été beaucoup plus faible.
" J'aurais aimé pouvoir éliminer de ma statistique tous les cas de mariage entre cousins; les données que je possédais ne m'ont pas permis de le faire. Cependant les mariages de cette catégorie n'atteignent nulle part en Suisse le 10 pour cent du chiffre total.
" J'ai eu des renseignements sur quelques cas de ressemblance particulièrement frappante entre jeunes époux, et ce n'étaient pas des cousins.
" De tous ces faits, je conclus:
" 1°- Que les couples s'unissent suivant la règle des conformités et non pas suivant celle des contrastes.
" En d'autres termes, dans l'immense majorité des mariages où l'inclinaison joue un rôle, les conjoints se recherchent et se plaisent en raison des traits qu'ils ont en commun et non pas en raison de leurs dissemblances.
" 2°- Que la ressemblance entre époux âgés n'est pas un fait acquis par suite de la vie conjugale, puisque cette ressemblance existe au moment du mariage à peu près dans les mêmes proportions que dans les vieux ménages."
Maintenant, chère lectrice, examinez bien les traits de votre mari et dites-nous si vous vous êtes unis selon la règle des conformités ou suivant celle des contrastes?
M. Reader.
Mon Dimanche, revue populaire illustrée, 2 avril 1905.
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