Il n'oserait.
Vers la fin de l'année 1588, où il avait dû fuir de Paris, après la journée des barricades, Henri III, étant aux Etats de Blois, dont l'ouverture avait eu lieu le 16 octobre, exposa ses griefs, ses périls aux plus sages de ses confidents, leur demandant à l'aider à se sauver "par un prompt remède". On lui conseilla l'assassinat du duc de Guise. Henri III était d'avance de cet avis: des idées de meurtre avaient déjà hanté son esprit, et il ne fut plus question pour lui que des moyens d'exécution.
Il s'adressa d'abord à Crillon, qui lui répondit avec sa franchise ordinaire: Sire, je fais profession de soldat et non point de bourreau; s'il plait à Votre Majesté que je fasse un appel au duc de Guise et que je me coupe la gorge avec lui, je suis prêt.
Loignac, moins scrupuleux, se chargea de faire le coup avec les Quarante-Cinq qui tous haïssaient mortellement le duc de Guise.
Le duc avait reçu de différents côtés des avertissements sur le danger qu'il courait: il refusait d'y croire. Les larmes du président de Neuilly semblaient cependant l'avoir décidé à quitter Blois, lorsque l'archevêque de Lyon s'écria: Qui quitte la partie la perd. Guise, très résolu à ne rien abandonner, répondit: Mes affaires sont réduites en tels termes que quand je verrais la mort entrer par la fenêtre, je ne sortirais point par la porte pour la fuir.
Le 22 décembre, il trouva sous sa serviette, en se mettant à table, un billet ainsi conçu: Donnez-vous de garde, on est sur le point de vous jouer un mauvais tour. Il écrivit au bas de ces deux mots: Il n'oserait! et il jeta le billet sur la table.
Dans la soirée, son cousin, le duc d'Elbeuf, lui dit nettement qu'on attenterait le lendemain à la vie des princes catholiques: il lui répondit en riant de s'aller coucher comme il allait le faire lui-même; et il ajouta, d'après ce que raconte l'Estoile: Je vois bien, mon cousin, que vous avez regardé votre almanach, car tous les almanachs de cette année sont farcis de telles menaces.
Le lendemain matin, Henri de Guise était assassiné par une cohorte de lâches, dans la chambre même du roi, où Revol, secrétaire d'Etat, était venu lui dire qu'il était attendu.
Le petit Moniteur illustré, 28 avril 1889.
Le petit Moniteur illustré, 28 avril 1889.
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