Du danger des corsets trop serrés.
Quoique les gravures que nous insérons ici présentent quelques détails anatomiques dont la vue pourra paraître à quelques personnes peu attrayante, nous n'avons pas voulu cependant les rejeter en considération de leur but d'utilité, et même de moralité.
Les figures 1 et 2 représentent une esquisse de la Vénus de Médicis, considérée à juste titre comme une des plus parfaites expressions de la beauté d'une femme; le squelette laisse voir les os dans leur position naturelle.
Les traits de la figure 3 représente une demoiselle qui a voulu être mince au delà du vœu de la nature, et a moulé sa taille dans un corset; la figure 4 montre la triste disposition de sa charpente osseuse.
En vérité, le dernier de ces dessins ne laisse dans l'âme que de mélancoliques pensées. Respiration embarrassée et fréquente, palpitations de cœur; sang mal aéré, et par suite débilité des organes; inflexion de l'épine dorsale et dérangement de la taille; digestion pénible; finalement, maladies pulmonaires; voilà quelques-uns des inconvénients des corsets trop serrés. Nous ferons grâce à nos lectrices de plus de détails, leurs docteurs en diront davantage. Nous nous hâtons d'ajouter cependant que nous ne plaidons que contre les corsets trop serrés, et nous reconnaissons les avantages de cette partie de la toilette pour donner au corps un maintien convenable, l'empêcher de contracter des habitudes de positions défectueuses, et suppléer en quelque façon chez les jeunes personnes aux exercices physiques qui leur demeurent trop étrangers.
Mais il nous sera permis de déclarer ici avec les formes les plus polies et les plus respectueuses que nous puissions employer, que les femmes sont dans une parfaite erreur lorsqu'elles s'imaginent ajouter à leur grâces naturelles en donnant à leur taille une raideur et en même temps une frêle apparence pénible à voir. Beauté et santé, sont deux qualités intimement unies. Une taille trop menue fait disparate avec le reste du corps; elle perd d'ailleurs, sous la compression barbare de la baleine ou de l'acier, la mobilité et le laisser-aller qui lui donnent de l'expression; car la vie et le sentiment sont pressés sous ces armures inanimées et mécaniques, et ne se manifestent que par un mouvement machinal et saccadé, semblable à celui d'un automate mis en jeu par la vapeur.
Et enfin, les mères ne sont-elle pas responsables envers leurs enfans de la vie qu'elles leur donnent; ne craignent-elles pas de leur transmettre qu'une faible santé? Elles emploient leurs plus belles années à les soigner dans leurs berceaux, nous le savons; mais si par ces sacrifices auxquels elles se condamnent, elles remplissent leur devoir de mère, pourront-elles racheter le vice de constitution dont elles laissent le triste et douloureux héritage?
Le Magasin pittoresque, 1833, livraison 13.
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