Le moutard.
Son cadet, c'est un marmot et son aîné un gamin.
Le moutard a les cheveux ébouriffés, une face barbouillée de réglisse d'où sourdent deux oreilles comme les anses d'une marmite. Le moutard a les mains sales, le nez morveux et des bas troués.
Il vit saucissonné dans un tablier noir que sangle, sur son ventre, un ceinturon de cuir. Sa casquette est dans un arbre ou bien dans le ruisseau mais jamais sur sa tête.
Le moutard part quelquefois à l'école, il promène deux livres au bout d'une courroie et il arrive après la classe.
Le moutard prend les oiseaux au piège. Il fait de ses doigts malpropres des pieds de nez aux vieux messieurs qu'il suit, aussi, en leur tirant la langue.
Le moutard attache des casseroles à la queue du chat, cache le balai de la concierge, seringue d'une fenêtre de l'encre sur les passants. Il crache dans les plats, tire les oreilles du chien et fait pipi sur sa petite sœur.
Le moutard n'a pas d'amis de son âge; on ne sait jamais d'où il sort; plus on le lave, plus il est sale et c'est lui qui approvisionne de poux le reste de sa famille.
Paul Leclercq.
Mon Dimanche, revue populaire illustrée, 23 avril 1905.
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