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samedi 22 avril 2017

Fêtes populaires.

Fêtes populaires.

C'est une coutume antique que les paysannes du village d'Ochsenbach, dans le Wurtemberg, se rassemblent tous les ans au carnaval pour célébrer la fête de la bonne déesse, et boire ensemble à frais communs.
Deux femmes, députées à la mairie, demandent l'écot franc; cette assurance obtenue, l'épouse du sergent de ville en fait part aux autres femmes.
Alors, sous la présidence de l'épouse du pasteur, elles se rassemblent dans la maison commune, où est placé un tonneau: les gens de justice verse le vin, et chacun boit dans sa cruche, qu'elle a eu soin d'apporter. Quelque temps après, la femme du pasteur se retire; les autres continuent à choquer les verres, à causer et à chanter. Avant de sortir, chacune reçoit une mesure de vin pour son mari; puis elles traversent le village avec des chants et des cris de joie.
Les jeunes femmes, à leur première admission à la cérémonie, doivent payer la bienvenue, qui consiste en gâteaux, en craquelins, en viande ou en argent; les boulangers établis à la maison commune vendent en outre toutes sortes de pâtisseries aux buveuses.
Autrefois se tenait en même temps, un tribunal de femmes. L'épouse du pasteur était aussi présidente: elle était chargée de punir les femmes qui n'avait point d'ordre dans leur ménage, qui ne tenaient point à la propreté ou soignaient mal l'éducation de leurs enfans; une pénitence publique leur était imposée comme laver du linge, balayer les fontaines, etc.
Depuis l'abolition de ce tribunal, la fête est devenue une fête de discorde et de mystère: quiconque en divulgue quelque chose est condamné à boire son vin derrière le poêle ou a d'autres punitions.
Pendant la fête, des musiciens jouent sous les fenêtres, et sont régalés de vin et de gâteaux.
Il est remarquable que cette cérémonie des femmes en l'honneur d'une divinité de leur sexe s'est évidemment glissée du paganisme au christianisme. On la célèbre encore dans quelques pays.
En Bohème, après les danses, les chants, les festins du carnaval, quand vient le mercredi des cendres, on met en pièce une vieille basse, on la couvre de draps blancs, et on la porte au tombeau à travers le village, précédée, quoique en plein jour, d'une lanterne au bout d'une perche; les musiciens entonnent un chant de deuil, ensuite la basse est enterrée en grande solennité.
L'usage d'enterrer le carnaval, qui s'est perpétué dans plusieurs provinces de France, offre avec cette dernière cérémonie, beaucoup de ressemblance.

Le Magasin pittoresque, 1833, livraison 21.

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