M. Becquerel.
De père en fils, les Becquerel sont physiciens, professeurs et célèbres. De père en fils, ils s'asseoient dans un fauteuil de l'académie des sciences. Après son grand père, après son père, M. Antoine-Henri Becquerel a contribué à faire avancer la science de la Physique et à perpétuer le nom de Becquerel.
Il naquit à Paris en 1852. Pour éviter à mes lecteurs une peine même légère, j'ai calculé que M. becquerel devait par suite avoir aujourd'hui cinquante-six ans.
Il entra à vingt ans à l'Ecole Polytechnique, puis aux Ponts-et-Chaussées. Il est depuis 1894 ingénieur en chef de ce corps.
Il avait l'esprit trop vaste pour se consacrer servilement à l'étude du tracé des routes nationales et départementales et des chemins vicinaux. L'observation des phénomènes l'attirait. Il entra à vingt-six ans comme aide-naturaliste au Muséum d'Histoire Naturelle, où il est maintenant professeur de physique appliquée.
Les manifestations lumineuses sont celles qui ont le plus occupé M. Becquerel. Comme son père, il s'est livré à de savantes et patientes études sur l'uranium, dont les émanations, comme celles du radium, découvert par la suite, présentent des analogies avec les fameux rayons X.
Un travail sur l'absorption de la lumière fit l'objet de sa thèse de doctorat, qu'il soutint en 1888. L'année suivante, à trente sept ans, il entrait à l'Institut. Ses remarquables études, sur les rayons émis par les vapeurs métalliques incandescentes, étaient pour beaucoup dans la désignation de ce jeune Immortel.
C'est en 1896 qu'il fit sa grande découverte: celles des radiations spontanées émises par l'uranium et ses composés, radiations qui impressionnent la plaque photographique et qui traversent le papier noir et même les lames métalliques. "Cette découverte, a déclaré M. Becquerel, soulève la question générale de la permanence des causes dans l'univers." Il faut croire que cette question présente de l'intérêt pour quelques personnes, puisque M. Becquerel reçut le prix Nobel en 1903, concurremment avec M. et Mme Curie.
Bien que ses travaux aient précédé et sans doute guidé ceux de ses co-lauréats, bien que l'uranium soit le père du radium, M. Becquerel n'a pas connu la popularité des époux Curie. L'uranium a laissé le public indifférent, tandis qu'il s'est passionné pour le radium et lui a attribué toutes sortes de vertus médicinales. Car le public cherche avant tout les conséquences pratiques des inventions et je prédis à M. Becquerel une renommée durable, s'il parvient à démontrer que les radiations de l'uranium guérissent les cors aux pieds.
Mais ce savant ne recherche pas plus la popularité que les profits. C'est l'homme le plus désintéressé de la terre. Il a fait ses admirables découvertes dans la vieille maison de Cuvier, dans de petites salles au carrelage brisé, aux murs branlants. Pour fabriquer ses instruments d'optique qu'un maigre crédit ne lui permet pas d'acheter, il emprunte des pièces aux vieux instruments dont se servaient son père et son grand père. L'ingénieur vient en aide au physicien et le Gouvernement tient compte à M. Becquerel des économies qu'il lui fait réaliser en élevant de temps en temps son grade dans la Légion d'honneur.
Jean-Louis.
Mon Dimanche, revue populaire illustrée, 26 juillet 1908.
Les manifestations lumineuses sont celles qui ont le plus occupé M. Becquerel. Comme son père, il s'est livré à de savantes et patientes études sur l'uranium, dont les émanations, comme celles du radium, découvert par la suite, présentent des analogies avec les fameux rayons X.
Un travail sur l'absorption de la lumière fit l'objet de sa thèse de doctorat, qu'il soutint en 1888. L'année suivante, à trente sept ans, il entrait à l'Institut. Ses remarquables études, sur les rayons émis par les vapeurs métalliques incandescentes, étaient pour beaucoup dans la désignation de ce jeune Immortel.
C'est en 1896 qu'il fit sa grande découverte: celles des radiations spontanées émises par l'uranium et ses composés, radiations qui impressionnent la plaque photographique et qui traversent le papier noir et même les lames métalliques. "Cette découverte, a déclaré M. Becquerel, soulève la question générale de la permanence des causes dans l'univers." Il faut croire que cette question présente de l'intérêt pour quelques personnes, puisque M. Becquerel reçut le prix Nobel en 1903, concurremment avec M. et Mme Curie.
Bien que ses travaux aient précédé et sans doute guidé ceux de ses co-lauréats, bien que l'uranium soit le père du radium, M. Becquerel n'a pas connu la popularité des époux Curie. L'uranium a laissé le public indifférent, tandis qu'il s'est passionné pour le radium et lui a attribué toutes sortes de vertus médicinales. Car le public cherche avant tout les conséquences pratiques des inventions et je prédis à M. Becquerel une renommée durable, s'il parvient à démontrer que les radiations de l'uranium guérissent les cors aux pieds.
Mais ce savant ne recherche pas plus la popularité que les profits. C'est l'homme le plus désintéressé de la terre. Il a fait ses admirables découvertes dans la vieille maison de Cuvier, dans de petites salles au carrelage brisé, aux murs branlants. Pour fabriquer ses instruments d'optique qu'un maigre crédit ne lui permet pas d'acheter, il emprunte des pièces aux vieux instruments dont se servaient son père et son grand père. L'ingénieur vient en aide au physicien et le Gouvernement tient compte à M. Becquerel des économies qu'il lui fait réaliser en élevant de temps en temps son grade dans la Légion d'honneur.
Jean-Louis.
Mon Dimanche, revue populaire illustrée, 26 juillet 1908.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire